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Africa Fête, un anniversaire marseillais Les dix ans du l’édition phocéenne

Pour célébrer ses dix ans sur les bords de la Méditerranée où son emblématique fondateur Mamadou Konté avait choisi de le transplanter, le festival Africa Fête avait invité du 26 au 28 juin des artistes au groove ensorcelant et explosif.

 « Beaucoup de grands frères sont passés par ce festival », tient à souligner Moh! Kouyaté, après avoir commencé à faire grimper la température de l’Espace Julien où se tient cette année Africa Fête. Le Guinéen, vers qui les regards admiratifs sont de plus en plus nombreux à se tourner, a saisi le sens et l’essence de ce rendez-vous culturel imaginé à une tout autre époque, quand les chanteurs du continent africain n’avaient guère de visibilité en Occident et restaient d’abord et au plus des artistes communautaires.

Touré KundaYoussou N’DourSalif Keita… Tous, à des degrés divers et notamment durant les années 80 et 90, ont bénéficié de l’évolution impulsée par le Sénégalais Mamadou Konté, le père d’Africa Fête, disparu en 2007 à 62 ans, dont le travail de promotion des musiques africaines ne peut que continuer à susciter un profond respect, avec en filigrane une démarche militante aux accents plus politiques. Celui qui a inspiré à François Béranger la chanson Mamadou m’a dit a marqué les esprits, et pas seulement par sa taille de double mètre !

Plusieurs festivals

Le festival, né aux portes de Paris en 1978, a connu plusieurs vies : dans la dernière décennie du XXe siècle, il s’exporte à six reprises aux États-Unis, sous une forme itinérante, avec des artistes du calibre dePapa Wemba ou Angélique Kidjo. À peu près au même moment, une version dakaroise voit le jour, qui va servir de tremplin à la scène rap locale en plein essor, à l’image du groupe Positive Black Soul deDidier Awadi.

Pour ancrer encore plus solidement ce pont entre les continents, une nouvelle base est choisie au début des années 2000 : Marseille, dont le rôle dans le développement des musiques du monde est aussi méconnu que pionnier. Grâce à son port, à l’époque où les échanges se faisaient surtout par voie maritime, la cité phocéenne a longtemps été le point d’entrée des cultures du Sud en Europe.
Des marins du monde entier y passaient, y restaient, apportaient avec eux leurs instruments, leur notes, à l’image du récit qu’en a fait l’auteur jamaïcain Claude McKay dans Banjo, venu sur place au lendemain de la Première guerre mondiale. Comme un symbole, c’est aussi là que le jeune Mamadou Konté est arrivé par bateau, au mitan des années 60 – et avant lui le Camerounais Manu Dibango, avec ses trois kilos de café qui ont inspiré le titre de son autobiographie.

© B.Lavaine
Yacouba Moumouni du groupe Mamar Kassey

La Fête de la musique africaine, organisée le 21 juin 2004 dans la cour de la Friche de la Belle de mai, pépinière culturelle, connait un tel succès que ses instigateurs lui mettent dès l’année suivante l’étiquette Africa Fête. En juin 2014, pour donner à cette décennie d’activisme une dimension particulière, Africa Fête avait investi le quartier du cours Julien, à la fois populaire, culturel, branché et undergound. Sur l’esplanade envahie par les stands associés à la manifestation, au milieu de l’un d’eux, trône un portrait, dessiné façon graph : Mamadou Konté veille sur ce village africain où les conteurs côtoient les marchands de thé, comme s’il en était le chef.

Edition 2014

Si, côté concerts, la programmation s’est appuyée sur la nature cosmopolite de Marseille et l’a valorisée, elle n’en a pas pour autant oublié ses fondamentaux en invitant « des groupes d’Afrique et d’autres issus de la diaspora », rappelle Cécile Rata, directrice artistique de l’événement. Illustration avec Debademba, puis les Tambours de Brazza, arrivés tout droit de Pologne où ils s’étaient produits en plein air devant une foule considérable.

La formule “nouvelle génération” de la formation d’Emile Biayenda s’avère très efficace : le spectacle qu’assurent les six frappeurs de tambours se fond parfaitement dans la musique jouée et chantée en arrière-plan par les instruments plus conventionnels, sous la houlette du patron, installé à la batterie. Les Nigériens de Mamar Kassey, emmenés par Yacouba Moumouni, savent aussi y faire pour cuisiner les ingrédients traditionnels à la sauce groove.

Dans ce domaine, celui qui les a précédés sur la scène de l’Espace Julien, ajoute une touche funk irrésistible. Moh! Kouyaté cite volontiers comme référence l’Américain George Benson, figure du jazz funk. Il confie n’avoir « rien compris » la première fois qu’il a entendu l’album Tenderly, mais au fil des écoutes, il y a trouvé une proximité qu’il ne ressentait avec aucun autre guitariste.

L’ancien partenaire de Ba Cissoko, à l’époque où ils étaient salariés de l’hôtel Camayenne en Guinée, n’est pas passé inaperçu depuis qu’il s’est installé en France en 2007 où sa cote ne fait que grimper. En studio et sur scène, il accompagne Fatoumata Diawara qu’il avait rencontrée sur le tournage du long métrage de Cheick Fantamady Camara Il va pleuvoir sur Conakry quand la Malienne était d’abord comédienne.

En cours, précédé seulement en 2013 d’un mini CD Cilo prometteur, son album devrait comporter quelques duos, avec le Britannique Piers Faccini et la Germano-Sierra-Léonaise Mariama, qui a fait appel à ses talents sur son propre projet. Si le résultat est à la hauteur de ce que Moh! et son groupe délivrent enlive, alors cela vaut la peine d’attendre !

Site officiel d’Africa Fête
Page Facebook d’Africa Fête
Page Facebook de Moh! Kouyaté

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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