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[Interview exclusive] Soulay Thiâ’nguel nous dit tout sur son exil…

Soulay Thiâ'nguel

Souleymane Bah de son vrai nom, mais on le connaît sous le pseudonyme de Soulay Thiâ’nguel. Il a plusieurs cordes à son arc : metteur en scène, auteur dramatique, parolier de chansons, scénariste de clips, enseignant, chroniqueur et consultant en communication. Depuis plusieurs années, il vit l’exil forcé cela après sa condamnation par contumace dans les tribunaux guinéens.

©️AFROGUINEE a joint ce polyvalent dont voici illico, in extenso notre interview… Lisez !

Comment tu te portes Thiâ’nguel ?

 Oui, ça va Dieu merci

 Depuis plusieurs années, tu vis hors du pays et comment tu arrives à surmonter cet exil forcé ?

L’exil est toujours difficile, puisque par définition on est forcé à quitter son pays. Quand l’exil est consécutif à une injustice, cela fait encore plus mal. Mais je suis un croyant. J’ai été élevé dans la conviction que tout ce qui arrive est de la volonté de Dieu et que tout finit par finir. Donc, je vis en prenant les choses du bon côté, d’autant plus que je suis en paix avec ma conscience et que l’écrasante majorité des Guinéens sont conscients de l’injustice que je subis et que je reçois beaucoup de sympathie et de marque de solidarité de la part de mes compatriotes. Alors il me revient de transformer cette difficulté temporaire en opportunité pérenne.  C’est ce que je fais.

Loin de ton pays, tes amis et de ta famille, parles nous de ton quotidien

 Mon quotidien, c’est essentiellement partagé plus de temps avec ma vie de famille et l’écriture. J’écris beaucoup. Des chroniques et surtout des pièces de théâtre, pour continuer à nourrir mon imagination.

La vie est-elle facile pour toi présentement ?

Comme je vous disais, l’exil n’est jamais facile et tous ceux qui l’ont connu le savent. On subit mais on survit, on tient grâce justement aux soutiens qu’on a. J’ai eu la chance dans notre pays de travailler dans plusieurs secteurs. Cela m’ouvre un éventail plutôt large d’amis à la fois dans les espaces artistiques, médiatiques, académiques et politiques. C’est un plaisir et une fierté de savoir que les gens sont autant préoccupés par ma situation, au-delà de toute sorte de clivage. Dans un pays comme le nôtre, où aujourd’hui tout se lit et s’interprète sous le prisme des appartenances politiques ou ethniques, je suis heureux de savoir que ma personne fait presque, je dis bien presque, consensus.

N’est-ce pas ton pays te manque ?

Absolument, la Guinée me manque. Mes amis, mes confrères et collaborateurs, mes étudiants, mes parents, mes frères et sœurs, le pays me manque vraiment. Ses rues bruyantes et ses odeurs suffocantes, ses embouteillages exaspérants et ses rires bruyants… voilà les laides beautés de la Guinée qui me manquent. Il y a aussi la jeunesse qui tient debout et qui refuse d’abdiquer. Lorsque je vois par exemple comment tous ces jeunes journalistes ou artistes sont entrain d’exploser, j’aurai tellement voulu être là pour vivre avec eux, le bonheur et le plaisir de leur maturité et de leur explosion. J’aimerai aussi être là pour partager ma petite expérience avec tous ces jeunes dont l’écriture et le talent m’émerveillent tous les jours sur Facebook. Donc, oui, vous me maquez tous !

La justice guinéenne t’a condamné par contumace dans l’affaire Koula. Consciencieusement, tu te reproches de quelque chose ?

 Je ne me reproche absolument de rien dans cette affaire et les Guinéens en sont de plus en plus convaincus. C’est pourquoi, malgré l’injustice de la condamnation, je garde le moral. Parce que je suis en paix avec ma conscience et en paix avec mes compatriotes.

Alors, que déplores-tu dans cette affaire ?

 Je déplore la violation des principes du droit. Thiâ’nguel a été condamné sans avoir bénéficié même du droit le plus élémentaire en matière de justice : la présomption d’innocence. Les magistrats ont été injustes. Mais justice sera rendue un jour ou l’autre. En tout cas, je l’espère.

Nous le savons, tu es un passionné de la culture. Est-ce que tu continue à servir ton pays malgré la distance ?

 La culture, ou plus précisément les arts ne me quittent pas. Partout, la culture est avec moi parce qu’elle est en moi. De là où je suis, je fais comme je peux pour garder le lien avec les artistes guinéens. La magie d’Internet, des réseaux sociaux et des médias permet de continuer à maintenir et à renforcer les liens. J’essaie de répondre comme je peux aux sollicitations de tous ceux qui estiment que je peux les aider. J’aime partager. Je reçois régulièrement des demandes de conseils de jeunes, certains que je ne connais même pas, en plus de ceux avec lesquels je travaillais avant mon départ. J’essaie autant que je peux, pour leur apporter ma modeste contribution à leur parcours. Des chanteurs, des comédiens, des slameurs, des journalistes, des jeunes professionnels ou amateurs de la communication, à chacun je raconte quelques conneries qui j’espère nourriront leurs folies et leurs délires (rires). Un petit coaching à distance, en somme.

A quand ton retour en Guinée ? Cela est-il possible maintenant, étant donné que la justice guinéenne est à ta trousse ?

 Mon retour en Guinée est une bataille commune. Je me bats pour ça. Mes amis aussi se battent pour ça. Et comme je le disais par ailleurs, j’espère que la justice aussi fera, à temps opportun, ce qu’il faut pour rétablir la vérité.

Quel souvenir gardes-tu des hommes de culture dans ton pays ?

Je ne parle pas de souvenir, je parle de présent et de futur, moi. La culture guinéenne, à mon sens, ne s’est jamais autant bien portée. Elle fleurit, elle murît, elle séduit, elle rayonne. Musique, danse, théâtre, slam, les jeunes Guinéens sont sur le pont, lancés à l’assaut des scènes culturelles internationales. Je suis super fier de cette folie créatrice et novatrice de nos artistes. Des événements culturels foisonnent, des espaces artistiques se construisent et s’affirment comme des lieux d’émotions plurielles, d’une imagination dense qui défie toutes les muses.

Certainement, tu as un message à faire passer au peuple de Guinée

 Je dis au peuple de Guinée que l’on doit continuer à garder la foi en l’avenir, malgré les difficultés. Il n’y a jamais de douleurs qui ne s’épuisent, jamais de larmes qui ne s’usent. Nous devons continuer à nourrir nos utopies. Et les artistes sont et seront les contributeurs incontournables dans la construction de cette espérance, mais aussi les réalisateurs de ces rêves de développement. Je dis à tous : à bientôt. Sur la terre de nos ancêtres. Incha Allah !

Merci Thiâ’nguel pour cette interview

Je vous remercie aussi

Interview réalisée par Syta CAMARA

www.afroguinee.com

 

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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