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Interview : L’universalité musicale de Meiway

Avec son nouvel album Illimitic sorti le 23 septembre dernier, le chanteur ivoirien Meiway renouvelle son style zoblazo pour toucher la jeune génération et s’affiche comme un artiste engagé. Sa lutte : prôner une universalité musicale et culturelle en balayant les frontières. Rencontre avec cet aîné de la musique venu de Côte d’Ivoire et prêt à passer le flambeau.

RFI Musique : Que signifie le nom de votre album, Illimitic ?
Meiway :
Ma musique est illimitée, elle n’a pas de frontières. J’ai toujours voulu qu’elle soit un métissage qui reflète celui de la Côte d’Ivoire où les habitants viennent du Burkina Faso, du Mali ou encore du Ghana. Il y a aussi une autre explication : alors que les opérateurs de téléphonie proposent des forfaits illimités avec des factures chaque mois, mon album, c’est une seule facture, après il s’écoute en illimité !

Quel message voulez-vous faire passer à travers vos 16 titres ?
J’aborde notamment les thèmes de l’unité, de l’universalité et de la solidarité. Ce sont des thématiques qui rebondissent sur l’actualité politique de Côte d’Ivoire et de toute l’Afrique. Là où les politiciens ont échoué, j’ai envie de réussir. Alors que l’on parle de mondialisation, on ferme un peu plus les frontières. Les artistes, dont je fais partie, doivent réussir à déjouer ce paradoxe, car depuis toujours, ils traversent les frontières avec des musiques.

Il s’agit donc d’un album plutôt engagé ?
Engagé musicalement ! Je reste très mesuré dans mes paroles, car lorsque je parle de politique, je peux heurter des sensibilités surtout dans le contexte ivoirien où il est encore difficile de parler de réconciliation.

Dans cet album, vous faites appel à des musiciens de diverses nationalités comme Étienne Mbappé (Cameroun), Nicolas Guéret (France), Amen Viana (Togo) ou encore Olivier Tshimanga (RDC). Est-ce pour refléter cet esprit d’universalité ?
Absolument ! C’est une universalité et une richesse sonore que je veux voir dans ma musique. La musique est sans frontière.

Les titres sont principalement interprétés en n’zima, une langue du sud de la Côte d’Ivoire d’où vous êtes originaire. N’est-ce pas difficile de faire passer des messages alors que la majorité des Ivoiriens parlent français ou dioula ?
Mes refrains sont toujours en français ou en anglais. Pour moi, la meilleure façon de s’exprimer est de le faire dans ce que l’on maîtrise. Chanter en n’zima, c’est défendre une langue minoritaire qui représente ce que je ressens au plus profond de moi, mes origines. C’est donc la meilleure façon de faire passer mes messages.

Justement, dans le titre Petit Kakaba, vous demandez aux « petits d’aller au lit ». À qui vous adressez-vous ?
C’est un message fort pour lutter contre la disparition du droit d’ainesse. Ce titre a été inspiré de la chanson Les Vieilles personnes, quittez de Debordo Leekunfa. Je m’attendais à ce que les artistes réagissent à cette provocation, mais personne n’a réagi. C’est la preuve qu’on est en train de perdre ce respect des aînés. C’est pourquoi j’ai frappé du poing sur la table avec ce titre. Une fois que les plus jeunes ont une opportunité, ils se disent qu’ils vont écraser les autres. Mais le plus dur dans ce métier, ce n’est pas de faire un coup, mais de durer. Les jeunes doivent donc travailler dans le respect du métier et de ceux qui leur ont servi d’exemple.

Alors que dans le passé vous sortiez un album presque tous les deux ans, vous avez mis quatre années pour réaliser Illimitic. Ce temps est-il nécessaire ?
La mutation qui s’opère dans la musique mondiale nécessite qu’on prenne du recul pour faire les bons choix artistiques. J’ai essayé de faire le bon compromis entre la musique tendance, c’est-à-dire la musique informatisée, et la musique des puristes, c’est-à-dire la musique vraie, jouée en live. J’ai essayé de me mettre à jour, tout en gardant une touche africaine, pour ne pas être has-been, vintage.

En 1989, vous inventiez le zoblazo, un genre où se mélangent de la musique traditionnelle ivoirienne et des instruments comme le synthétiseur ou le violon. Pensez-vous que ce style est « vintage » comme vous dites ?
Le zoblazo est un métissage musical que j’ai approfondi dans Illimitic. J’espère continuer à donner l’exemple de la révolution de la musique ivoirienne. Avant, on ne faisait que du reggae, mais c’est jamaïcain ! On faisait du soukous, mais c’est congolais ! Aujourd’hui, qui parle de coupé-décalé, de zouglou ou encore de zoblazo, parle de musiques ivoiriennes. Une nouvelle génération est en train de s’installer, et va s’inspirer de ces genres pour les faire évoluer. Des grands messieurs m’avaient  passé le relai, j’en ai profité pendant 27 ans et je vais passer le relai à mon tour avec un style à renouveler. Je vais continuer à faire de la musique, mais je vais laisser plus de place aux jeunes qui ont besoin de visibilité.

Meiway Illimitic (Meiway organisation) 2016

Page Facebook de Meiway

Par : Aurélie Bazzara
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A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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