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INTERVIEW | Stomy Bugsy : « Je suis toujours un jeune artiste »

Collectif mythique du rap français formé dans les années 90, le Secteur Ä se reforme pour une tournée événement sur un mois à travers toute la France. Les fans de la première heure et la nouvelle génération pourront ré-entendre sur scène les classiques qui ont façonné le hip hop made in France. Toujours actif, Stomy Bugsy, aujourd’hui âgé de 45 ans s’est entretenu avec nous pour nous raconter un bout de son aventure au sein du crew, qu’il appelle « sa famille ».

De sa vision du rap aujourd’hui à sa toute première rencontre avec le hip hop, Stomy est revenu sur sa carrière quelques semaines avant la grande tournée.

TRACE | Aujourd’hui, après 20 ans de carrière, comment pourrais tu te décrire en tant qu’artiste ?

Comment je pourrais me décrire… Un artiste libre, qui a envie de faire plein de choses. Un artiste qui n’est pas encore accompli. J’ai tellement de choses à faire, j’ai tellement de rêves. Réaliser des films, écrire des livres… Je suis un jeune artiste, un très jeune artiste. J’en suis qu’à mon commencement pour moi.

Et à la jeune génération, qui n’a pas connu tes débuts, tu te présenterais comment ?

Je leur dirais, révisez vos classiques. Comme les petits fans de rock’n’roll, de punk ou de reggae le font : ils révisent leurs classiques. Pour les jeunes gens qui écoutent du rap, c’est bien de savoir d’où le hip hop vient. (…) C’est bien pour leur culture personnelle.

Ce qui t’animait au début de ta carrière c’est toujours ce qui t’anime aujourd’hui ?

L’autre jour je pensais à ça, je me disais : « Qu’est-ce qui m’animait quand j’étais plus jeune ? » En fin de compte c’était pas d’être célèbre, c’était pas de vendre des disques, c’était juste de crier ce que j’avais dans le coeur et dans le ventre. Crier l’injustice, la situation de mon peuple dans le monde entier. C’est ça qui m’animait. C’est pour ça que je suis presque toujours heureux. Parce que, que je sois en lumière ou pas en lumière, sur scène ou pas sur scène, ce n’est pas ça qui m’anime. (…) Ce qui m’anime c’est voir mon peuple s’en sortir, voir mon peuple grandir.

Est-ce que c’est quelque chose que tu retrouves dans le rap actuellement ?

Des artistes qui font bouger les choses, il y en a beaucoup. Après c’est pas parce que tu es un artiste ou un rappeur que tu dois être un militant. Un artiste, sa première cause c’est son art, son oeuvre. Mais quand des artistes comme Public Ennemy, Bob Marley, Tupac décrivent des choses c’est toujours mieux. C’est toujours mieux quand l’art se mêle au message.

Le rap aujourd’hui c’est quoi pour toi ?

Comme je disais souvent dans le Ministère AMER c’est des paroles sensées sur une musique qui donne envie de se dépenser. C’est ça le vrai message du rap.

Je pense que dans chaque artiste tu peux retrouver [un message]. Même l’artiste qui pense qu’il est le plus léger qui pense qu’il n’a pas de message, il a un message. Son message c’est sa vie.

Tu as un fils qui rappe, qu’est-ce que tu lui as transmis ?

Je lui ai transmis l’envie d’être sur scène, l’envie de bien faire les choses. L’envie de faire de la musique  pour les bonnes raisons. Après la perfection n’existe pas donc à un moment faut se lancer. J’espère lui transmettre encore plein de choses. Comme je te l’ai dit tout à l’heure je suis encore un jeune artiste.

Quels conseils tu donnerais à un jeune qui se lance dans le rap ?

Si tu es un rappeur, tu dois vivre rap, manger rap, chier rap. C’est un sport, c’est comme être un boxeur tu ne peux pas le faire à moitié. Etre rappeur c’est un truc constant.

Tu te souviens de la première fois où tu as été piqué par le rap ?

J’ai été piqué plusieurs fois. La première fois, un de mes grands frères a amené une cassette de Sugar Hill Gang chez moi. Sinon quand je regardais l’émission H.I.P H.O.P animé par le grand Sidney. Après c’est plus le breakdance qui m’a piqué. Sarcelles, était considéré comme La Mecque du Hip Hop à cette époque. Au centre commercial Les Flanades, il y avait des breakers de partout, des smurfers de partout.

Mais vraiment la première fois où j’ai été piqué par le rap pas le hip hop, c’était au terrain vague de Stalingrad et c’était deux rappeurs qui rappaient. Jhonnygo et Destroy Man avec DJ Dynastee au platines. C’était en 85-86.

Et le dernier shot que tu t’es pris c’était qui ?

Il n’y a plus beaucoup d’artistes qui me mettent des claques. Mais j’aime bien l’énergie, le flow de Damso, Fianso, Niska… Après aux Etats-Unis, je dirais Kendrick Lamar sur scène. Quand j’écoute sur disque ça me parle pas encore comme un Jay-Z, par contre quand je le vois sur scène, j’adore. Je trouve qu’il apporte quelque chose artistiquement.

Justement toi tu vas bientôt être sur scène avec toute ta famille, tout le Secteur Ä. Pourquoi cette grande réunion ?

Ca fait longtemps qu’on a envie de se remettre ensemble et finalement on s’est vraiment jamais quittés. Parce que moi même j’ai un groupe avec Jacky des Neg’Marrons, la MC MalCriado, on rappe en cap-verdien, en créole cap-verdien. Passi, il a le Bisso Na Bisso, Arsenik c’est ses cousins. On est toujours ensemble, c’est la famille. Gynéco c’est comme mon petit frère. On a des liens qui sont très forts. Mais c’était difficile de mettre ça en place car chacun à sa vie, chacun à sa carrière. Parfois moi je vais être à Los Angeles, l’autre va être là-bas… donc c’était super dur. Mais là c’était le bon timing.

Après la tournée L’Age D’Or du Rap Français, on s’est dit que c’était le bon moment, on était dans la bonne dynamique. Mais ça fait au moins 5 ans qu’on a envie de faire ça.

2018, c’est aussi les 20 ans de votre concert à l’Olympia. Qu’est-ce que tu retiens de cette époque ? Dans quel état d’esprit vous étiez  ?

Déjà c’était pour le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le 22 mai. Donc c’était la première fois que des artistes le commémoraient surtout à l’Olympia dans une salle mythique. C’était quelque chose de magique pour nous. Encore une fois c’est allier l’art au message.

Il y avait une énergie incroyable on était au pic de notre succès. Il y avait un bon engouement, une bonne dynamique. Que des bons souvenirs.

Lors de vos concerts, il y aura certainement des fans de la première heure, comment vous allez les surprendre ?

Déjà par la qualité du show. Quand on a fait le tracklisting du concert, on a vu tous les titres qu’on avait… On s’est dit il y a tellement de titres et on est tellement. On cherche quelque chose d’original, d’explosif. Mais on veut pas non plus que le concert soit un kidnapping où tu reste 1000 ans sur scène. 4 heures de show, 5 heures… non !

Ton plus beau souvenir de tournée ?

J’ai plein d’anecdotes dans le peu de tournée qu’on a fait avec le Secteur Ä. Il y avait des moments formidables. Je me rappelle on avait un grand frère à nous qui s’appelle Gilles qui est le grand frère de Bouboul, Frédéric du Secteur Ä. Il nous a quittés, y’a pas longtemps. Il était l’homme de la sécurité de la tournée Secteur Ä. Je me rappelle il cherchait pour savoir si les filles étaient majeures, il laissait pas rentrer les filles.. Les filles rentraient quand meme dans la soute à bagages du tour bus. Il ne sera pas là pour cette tournée mais ca va nous remémorer plein de choses.

Le morceau le plus emblématique du Secteur Ä pour toi c’est lequel ?

Pour moi un des morceaux phares du Secteur Ä c’est « Affaires de Famille » avec Arsenik et Gyneco. On est tous en costumes, tu vois le « Ä », ça symbolise bien l’ambiance de l’époque et l’état d’esprit. Faire les choses ensemble, entre nous et aller très loin.

Tu es parti en solo assez tôt, est-ce qu’il y a quelque chose du Secteur Ä qui te manquait ?

Quand t’es en solo c’est pas pareil. Etre artiste solo c’est pas marrant. Surtout quand t’as connu cette expérience en groupe, il n’y a plus la même émulation, la même énergie. Quand t’es en groupe, t’as envie de faire mieux que ton frère et t’as envie de le faire kiffer aussi. Le Secteur Ä m’a toujours manqué pour ça. C’est comme habiter dans une grande maison avec tes parents là haut, tes enfants qui courent en bas, tes cousins et tout… Vous mangez à table et après tu pars de cette maison et tu te retrouves chez toi à manger tout seul. Et t’entends rien dans la maison, ça bouge pas.

En parallèle de la tournée, sur quoi tu travailles en ce moment ?

En ce moment je mets en scène une pièce qui s’appelle Ecroué de rire de David Déclos qui joue au théâtre du Gymnase. Sinon je suis en post-production pour la pièce de théâtre Mon Papa à moi est un Gangster. Mais surtout je suis vraiment concentrée sur  la tournée Secteur Ä. On travaille dessus, on perfectionne pour faire kiffer les gens. On veut qu’ils sortent de ce concert-là avec plein de beaux souvenirs et leur donner l’envie de faire de belles choses.

Le Secteur Ä en tournée
Du 26 avril au 27 mai 2018
Avec Ministère A.M.E.R, Doc Gynéco, Arsenik, Passi, Stomy Bugsy, Neg’ Marrons, Pit Baccardi, MC Janik, Singuila
Concert à l’AccorHotels Arena de Paris le 22 mai

Retrouvez cette interview sur Trace.tv

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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