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Kassav, pas si consensuel : Sonjé, nouvel album

Le retour des maîtres du zouk, Kassav’, est aussi une forme d’hommage à leur ancien compagnon de route, le chanteur Patrick Saint-Eloi, disparu en 2010. C’est à lui que fait directement référence le titre du nouvel album, baptisé Sonjé, élaboré par le quintet historique. Rencontre avec la chanteuse Jocelyne Béroard.

 RFI Musique : Après plus de trente ans de carrière, abordez-vous les albums toujours de la même manière ?

Jocelyne Béroard : Aujourd’hui, avec beaucoup plus d’angoisse que les premiers. Il s’agissait au début de créer des choses, de les tester. On les proposait en espérant que ça marche. Comme ça marche, il faut maintenir le cap. Mais on les aborde de la même manière : ceux qui ont des idées les portent ; ceux qui ont envie de travailler tous seuls leurs titres le font ; ceux qui ont envie de partager le font aussi.

L’un ou l’autre des membres du groupe fait-il plus office de maître d’œuvre ?
Oui, Jacob Desvarieux. C’est lui qui prend tous les rendez-vous, réserve les studios, s’occupe des ingénieurs du son, fait tout le suivi technique au niveau de l’enregistrement. Moi, je suis responsable de la pochette. Pour les musiques, Jean-Philippe Marthély et Jean-Claude Naimro vont être plutôt délégués à l’enrichissement des mélodies. Pour ceux qui sont en panne de mélodie, Jean-Philippe est toujours celui qui va apporter quelque chose. Et pour les cuivres aussi, les arrangements de violon. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et sait quel est son rôle dans Kassav’.

Y a-t-il dans cet album des chansons que certains d’entre vous avaient préparées de longue date ?
Oui, notamment le titre Sonjé de Jean-Philippe qui avait commencé à travailler dessus peu de temps après le décès de Patrick Saint-Éloi. Le texte est très simple et parle de sa relation avec Patrick parce qu’ils étaient extrêmement proches tous les deux – mais j’aurais pu le chanter aussi parce que je ressens la même chose. Il raconte qu’ils avaient le même âge, le même rêve de faire avancer notre musique, que Patrick a chanté des textes qui ont fait rêver les gens, des mélodies qui les ont bouleversés et aujourd’hui il est devenu une étoile dans le ciel.

Quelle chanson de Patrick Saint-Éloi vous a, entre autres, marqué ?
Rehabilitation, par exemple, qui parle d’histoire. Patrick a été celui qui a touché à tous les thèmes. Il n’est pas resté que le crooner chantant des chansons d’amour. Il a chanté sur la violence envers les enfants, sur le qu’en-dira-t-on, sur les SDF…

Et pourtant, ce n’est pas l’image qu’on en a gardée. Êtes-vous, vous aussi avec Kassav’, prisonniers d’une étiquette ?
On nous dira qu’on ne comprend pas les textes parce qu’on chante en créole. Mais quand je dis à longueur de journée qu’on ne chante pas seulement « Chéri doudou, viens danser », les gens ne cherchent pas à se demander ce qu’on raconte. Ce qui les intéresse, c’est de dire que Kassav’ a le sens de la fête et ça s’arrête là, alors qu’on parle de tout ! On n’est pas aussi consensuel qu’on pourrait le laisser penser.

L’an dernier, vous étiez en Haïti où vous avez partagé la scène avec Tabou Combo, qui a en partie ouvert la voie au zouk avec le tube New York City dans les années 70. Est-ce un groupe avec qui vous avez de réelles affinités ?
Ce n’est pas parce qu’on fait du zouk qu’on n’aime pas le kompa ! Nous étions complètement fan de Tabou Combo et nous le sommes toujours d’ailleurs. Ça a toujours été nos copains. On s’est rencontrés plusieurs fois lors de concerts aux États-Unis, à New York… En Haïti, l’an dernier, c’était une fois de plus. Quand ils ont fêté leurs trente ans de carrière au Zénith de Paris, on y a chanté avec eux. Et quand on a fait nos vingt ans, à peu près à la même époque, à Bercy, le chanteur de Tabou Combo était également notre invité.

Est-ce que cela vous a étonné que, parmi les spectateurs de ce même concert à Port-au-Prince en aout 2012, se trouve le chef de l’Etat haïtien, Michel Martelly, un ancien chanteur ?
Jacob a même produit l’actuel président d’Haïti sur un titre de la compilation Haitian Troubadours !
Michel Martelly était musicien donc il va être plus proche des artistes et s’intéresser peut-être plus qu’un autre à ce qui se passe sur le plan culturel. Je crois que c’est une question de background. Quand on allait au Burkina Faso, le président Sankara venait aussi voir les groupes jouer, parce que lui-même était musicien.

Quel souvenir gardez-vous du premier concert de Kassav’ sur le continent africain, en 1985 ?
Quand on nous a appelés pour venir en Côte-d’Ivoire, quelqu’un qui travaillait à FR3 (ex-France 3, NDR) nous avait dit que Kassav’ n’était pas connu en Afrique, que c’était la musique camerounaise et zaïroise qui y étaient au top. Donc on est partis un peu inquiets. A l’arrivée, c’était tout à fait le contraire. RFI, avec l’émission Canal tropical de Gilles Obringer, avait fait un sacré travail de promotion et habitué les Africains à notre musique. C’était l’explosion. Il y a eu d’abord ce concert un peu privé à l’Hôtel Ivoire, afin de récolter des fonds pour monter un dispensaire pour les enfants, puis d’autres à l’université de Yamoussoukro, à Bouaké… Il y avait de plus en plus de monde à venir aux concerts. C’était une telle folie que les autres pays d’Afrique se sont dit : pourquoi pas nous ? Donc, on a été invité au Togo, Bénin, Sénégal, Cameroun, Gabon, Mozambique, en Angola… Je crois que la Côte-d’Ivoire a réellement démarré l’histoire de Kassav’ en Afrique.

Kassav’ Sonjé (Zouk / Warner Musik France) 2013

Source : Rfi.fr

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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