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LÉGISLATIVES DU 30 JUIN : les scenarii du forcing politique

De la fixation de la date des prochaines élections législatives au 30 juin 2013 par le président Alpha Condé, il résulte deux fermetés. Celle tout d’abord du président Alpha Condé qui, visiblement, semble enfin résolu à faire tenir ce scrutin. Naturellement, certains pourraient répondre que cette volonté, il l’a toujours eue, et qu’il en a été empêché par les manifestations de protestation de l’opposition.

Sauf que par le passé, il n’était jamais allé jusqu’à lui-même prendre le décret convoquant le corps électoral ! D’ailleurs, il s’était jusqu’ici abrité derrière ce fait, pour réfuter, du moins formellement, les allégations de report des précédentes dates. Or, cette fois-ci, il n’attend même que la CENI rende public le nouveau chronogramme. C’est dire qu’il en est certainement au degré ultime de sa détermination. Il se dit ça et là qu’il a explicitement reçu la caution de la communauté internationale. Mais en face, il y a une autre fermeté. Celle avec laquelle Cellou Dalein Diallo et ses camarades de l’opposition disent toujours vouloir s’opposer à ce scrutin qui ne prendrait pas en compte leurs revendications. Pour leur part, comme ils l’auront du reste démontré depuis pratiquement deux ans, les opposants sont prêts à tout pour faire admettre leurs aspirations. Ce qui laisse face à face deux scenarii après la fixation de cette date.

La première hypothèse et la plus plausible : c’est bien que les élections puissent se tenir à la date fixée par le président Alpha Condé. En effet, on imagine que le chef de l’Etat a su s’assurer d’un certain nombre de garanties pour que les élections puissent se tenir. Pour qu’il ait opté pour ce « forcing », il doit être sur que cela aboutira. Ainsi, le premier atout dont il dispose, c’est bien le soutien et l’accompagnement de la communauté internationale. Une communauté qui, à l’image de ce qui se dessine au Mali, aurait opté pour le tout pour le tout. Agacée qu’elle est par les caprices de l’opposition guinéenne. Aussi exigeante que têtue.

Ce n’est pas que les uns et les autres trouvent infondées certaines récriminations de l’opposition, mais on estimerait que la démocratie guinéenne est encore trop jeune, pour qu’on exige d’elle certaines conditions extrêmes de transparence. Certains acteurs de la communauté internationale avaient déjà confié « qu’il vaut mieux une mauvaise élection que pas du tout d’élection ! ».

Naturellement, cette hypothèse n’est pas sans risques. En particulier, comme l’a déjà annoncé l’opposition, on risque bien de renouer avec la série des marches de protestation. Mais à la différence des précédents soulèvements, le gouvernement pourrait ne pas laisser faire. Parce qu’il sait qu’en laissant l’anarchie s’installer, le malaise social aidant, le mouvement pourrait vite dégénérer et se généraliser.

L’option serait alors d’étouffer toute velléité de protestation dans l’œuf. Bien entendu, cela pourrait coûter la vie à quelques-uns des premiers protestataires. Malheureusement.

Au plan politique, ce premier scénario pourrait engendrer trois alternatives.

En effet, il est possible que demeurant unie et constatant l’impossibilité de faire reculer le tandem gouvernement guinéen-communauté internationale, l’opposition guinéenne décide de boycotter tout simplement le scrutin. De même, il est tout à fait possible que, réalisant toutes les conséquences possibles de cette option de la chaise vide, cette même opposition, toujours unie, accepte in fine d’aller aux élections, pour ne pas laisser toute la place au parti présidentiel.

Enfin, entre ces deux choix extrêmes, une voie médiane n’est pas exclue. Celle consisterait en ce que quelques-uns des membres de l’opposition aillent aux élections, alors que d’autres, tenant à leur position radicale, refusent d’y aller.

La seconde hypothèse est en partie une suite logique de la première : en fait, elle consiste en la réussite par l’opposition à faire reculer le pouvoir, une nouvelle fois. Comme on peut l’imaginer, l’opposition guinéenne ne peut arriver à cette fin que par le biais des manifestations qu’elle organisera. Si ces dernières réussissent, de par leur ampleur et leur généralisation, à paralyser relativement le pays au point d’empêcher l’exécution du chronogramme devant déboucher sur le scrutin, on devra en tenir compte dans un souci de réalisme. Surtout, si à la suite de ces manifestations, il en résultait des affrontements inter-partisans ou inter-communautaires comme ceux que nous avons connus à la faveur de la marche du 27 février 2013.

Bien que la communauté internationale veuille que les élections puissent se tenir, elle pourrait être obligée de tenir compte d’une situation volatile et délicate qui risquerait de précipiter le pays dans le chaos, avec entre autres conséquences, l’intervention de l’armée et la remise en cause des acquis relatifs engrangés depuis l’élection du président Alpha Condé.

Concrètement, la même communauté internationale pourrait alors prier le même président qu’elle exhorterait aujourd’hui à aller vers les élections, à les reporter.

En vérité, la respectabilité de ce nouveau chronogramme tient essentiellement à l’issue du rapport de forces entre les acteurs politiques internes.

© 2013 Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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