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Showbiz à Conakry : Quand le désordre et les guéguerres font la loi !

Au-delà, de son côté festif et séduisant, la musique urbaine guinéenne est actuellement en proie à des phénomènes qui contribuent forcement à sa dégradation. Allant des dates de concerts octroyées dans le plus grand désordre par l’Agence Guinéenne de Spectacle en passant par des règlements de compte sans scrupule auxquels se livrent certains artistes par  morceaux interposés pour aboutir aux petites guerres que se font des prometteurs culturels, on peut véritablement dire que le monde de la musique urbaine à Conakry se porte très mal. Un fâcheux constat qui interpelle tout esprit éclairé soucieux du rayonnement culturel et social de la Guinée. Dossier exclusif !

Le grand désordre dans l’événementiel

Depuis un bon bout de temps, dans le monde de l’événementiel guinéen, l’on remarque des mêmes dates de concerts octroyées à des structures différentes pendant que le public de la musique urbaine reste composé du même type de spectateurs : essentiellement des jeunes lycéens et collégiens de Conakry. Ce constat non reluisant est validé par plus d’un observateur du showbiz guinéen.

Et, cet état de fait persiste du jour au lendemain sous l’impuissance de l’Agence Guinéenne de Spectacle censé régulariser le monde du spectacle en Guinée à défaut de lui donner tout l’éclat qu’il mérite comme c’est le cas dans plusieurs pays de la sous- région et du monde culturellement développé.

En guise d’illustration, revenons au dernier fait en date à savoir la date du 1er juin qui est convoité par deux structures à savoir : Oudy Prod pour le Concert de La Fouine ainsi qu’Actions Futures également pour un spectacle qui devrait réunir sur une même scène Dj Arafat et Debordo de la Côte d’Ivoire. Tous deux le même jour et sur l’esplanade du seul Palais du Peuple. Que dire aussi de la date du 21 avril dernier qui a vu la tenue du concert du groupe Balieuz’art au Palais du Peuple pendant que se tenait au même moment à la plage Rogbané de Taouyah, le concert de clôture du Festival International de Musique ‘’Manifest’’ ?

S’ajoute à cette pléiade de désordres, la date du 28 avril qui avait également été donné au groupe Idéal Foniké pour la sortie de son 2ème album à la plage Bénares et autant pour le collectif panafricain 2H-R qui était à la plage Takonko avant de retrouver le même jour un autre public au palais du peuple mais cette fois- ci pour le concert du groupe Instinct Killers. Drôle de coïncidence ou volonté manifeste de comparer la capacité de mobilisation des uns et des autres autour de plusieurs événements le même jour mais dans les lieux différents ?

En tout cas,  à cette allure, les talents naissants n’ont plus aucune chance de faire valoir ce dont ils sont capables sur le terrain, car très souvent, ce sont les mêmes têtes de spectateurs qu’ont retrouvent dans les différents concerts, ce qui sous-entend que le public reste et demeure le même. Alors, malheurs pour les artistes moins connus ! Cette pratique du régulateur de spectacles en Guinée pousse certains artistes à se détester pour des raisons de leadership et pire occasionne la division des fans qui préfèrent désormais s’aligner derrière leurs idoles pour affronter cette rude concurrence. L’on voit ainsi apparaitre au grand jour, dans le milieu culturel, des phénomènes de clans et de lobbys aux idées sombres.

Guerre entre artistes et opérateurs culturels : Bras de fer, clash et querelles

Le ‘’Feuilleton Takana’’

La querelle entre artiste qui continue a marqué les esprits est bien le ‘’Feuilleton Takana’’. Le chanteur de reggae après avoir enregistré un morceau rappelant le président Alpha Condé à l’ordre,  s’est vu rapidement pris pour cible par d’autres artistes qui n’étaient pas du même avis que lui. Une foudre de sons et de réactions s’en est suivie et sans la moindre réaction des hommes de culture guinéens pour remettre de l’ordre dans la maison.

C’est ensuite de réplique en réplique qu’on est arrivé à entendre certaines œuvres artistiques peu recommandables et assez vulgaires en guise de défense à l’artiste Takana Zion qui a d’ailleurs choisi de s’exiler en France en attendant que les choses se régularisent pour lui au pays.

D’autres pionniers de la musique urbaine made in Guinea comme King Salomon de Banlieuz’art et Singleton ont failli basculer dans ce jeu en se jetant des flèches le 20 avril dernier sur le podium à l’occasion de la douzième Foire Internationale de Conakry.  De durs coups de becs  en rime ! Heureusement qu’on en soit pas arrivé aux coups de poings.

Malick Kébé vs Tidiane Soumah

Ayant fait chacun de son côté ses preuves dans la chose culturelle en Guinée et dans le monde, ces deux noms du showbiz guinéen ne s’entendent plus à en croire les différentes piques qu’ils se lancent par médias interposés. Selon Tidiane Soumah de la maison Tidiane World Music, l’organisation du dernier réveillon de nouvel an sur l’esplanade du palais du peuple qui a débouché à un géant feu d’artifice sur le toit du palais serait à l’origine du désamour qui existe maintenant entre lui et le gestionnaire du spectacle guinéen. Et depuis, les deux ne se font pas du tout de cadeaux au cours de leurs sorties médiatiques. Guerre d’egos ou d’intérêts ? Qui veut la place de qui ? Allez-y savoir… Dans tous les cas,  le bal de méfiance et de coup bas continuent entre ces deux bosses du showbiz guinéen. Une si triste réalité…

Benedi vs Abdoul M’baye

Durant quatre mois, ces deux opérateurs de Meurs Libre Prod’ et de Benedi Records ne conjuguaient pas le même verbe.  Le vent de la réconciliation a sifflé chez eux le 22 avril dernier au jardin du 2 octobre sous la médiation de quelques artistes internationaux. Le différend entre les deux hommes date du 1er décembre 2012 au palais du peuple à l’occasion de la dédicace du 2ème album du groupe Banlieuz’art avec une chaude discussion autour d’une place réservée. Il faut souligner que cette altercation a failli tourner au vinaigre avant de bénéficier de l’intervention de certaines personnes qui voyaient déjà la tournure des choses. Ayant eu certainement conscience des défis qui les attendent sur le terrain, ils ont finalement décidé de faire la paix pour le bonheur de leurs structures respectives. Et c’est tant mieux !  Maintenant, c’est qui le boss véritable…?

Mangué Will vs Siaka Kébé

Œuvrant tous deux dans le sens de la promotion de la musique urbaine guinéenne, l’histoire n’a pas été toujours rose entre ces deux jeunes. La dernière en date révèle une rude concurrence autour de la date du 28 avril qui devrait voir la dédicace du 1er album du collectif 2H-R à la plage Takonko de Ratoma en haute banlieue de Conakry puis le concert du groupe Instinct Killers au Palais du peuple cette fois à Kaloum en plein de cœur de Conakry. Se retrouvant donc sur une même date pour deux événements différents, les deux promoteurs se sont prêtés à des jeux d’égos sur certains médias de la place. Et leurs artistes n’en faisaient pas moins. Finalement, les deux événements ont marché chacun de son côté avec ses colonies de fans. Rude concurrence…quand tu nous tiens !

Au regard de tous ces faits, on peut évidemment admettre que le monde du showbiz guinéen bouillonne et évolue dans un grand dilettantisme. Pire encore, le ministère concerné n’œuvre nullement dans le sens de l’assainissement de ce milieu par la professionnalisation de ses acteurs culturels et la création de structure adéquate de promotion et de diffusion de ces œuvres qui impliquent fortement la jeunesse du pays.

La question de la construction d’un  Palais de la Culture à Conakry se pose encore aujourd’hui, plus que jamais, comme une nécessité.

Amadou Barry avec Afroguinée.com©

Conakry, +224 664-75-33-58

 baryamad@yahoo.fr

 

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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Un commentaire

  1. BIEN DIT. BIG RESPECT POUR CET ARTICLE. SI ON PARLAIS BEAUCOUP PLUS DES RÉALITÉS COMME CELA, CE SERAIT FORMIDABLE. TOUT CE QUE TU AS DIT MON FRÈRE SUIS OK IL FAUT QUE LES RESPONSABLES A TOUS LES NIVEAU FACENT LEUR BOULOT. L’AGENCE GUINÉENNE DE SPECTACLE EST EN MESURE DE CORRIGER DES ERREURS DU GENRE. UN PEU DE VOLONTÉ SUFFIRAIT.

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