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Violence en Guinée : les mises en garde du ministre Kalifa Gassama Diaby

L’image des précédentes manifestations politiques ayant dégénéré à Conakry avec ses morts et blessés résonne jusqu’au sommet de l’État. La communauté internationale n’est pas la seule à s’inquiéter de la montée de la violence en Guinée. Après le Chef de l’État samedi à Taouyah, le ministre des droits de l’homme et des libertés publiques, Kalifa Gassama Diaby, est monté au créneau mercredi pour tirer la sonnette. On ignore qui l’entendra mais il a appelé les acteurs de tous les bords à leur responsabilité. Guinéenews vous propose des extraits.

En compagnie de ses collaborateurs, dont Abou 4 Camara, Amirou Diawara, Boubacar Barry et Awa Maiga, le ministre Kalifa Gassama Diaby a, dès son entame, peint la situation socio-politique de son pays, qu’il trouve d’ailleurs difficile. Pourtant, rappelle-t-il, toute transition démocratique, fût-il celle de la Guinée, donne lieu à des phases complexes et périlleux. Mais les dépasser exige à la fois le traçage d’une ligne rouge et la nécessité de faire preuve de lucidité.

Poursuivant, M. Diaby a indiqué que les faillites morales de la société guinéenne ont fait disparaitre toutes les lignes rouges protectrices du pacte social et de l’idéal humaniste et démocratique. Aujourd’hui, il n’y a plus de ligne rouge, dit-il, parce que premièrement la violence est devenue un instrument politique, deuxièmement, parce que l’identairisme, l’ethnicité et le communautarisme sont devenus le langage des politiques, troisièmement, parce que les messagers de la paix sont devenus des prophètes des violences, enfin parce que l’humanité et la fraternité républicaine cèdent la place à l’animalisation respective réciproque.
Ce qui est grave, déplore-t-il, les apôtres du rassemblement se sont tus. Conséquence, trop de violence, trop de victimes, trop d’injustice, trop de haine, trop de pleurs, peu d’écoute, bienvenue au concours de mauvaise foi, aux discours tendancieux, flous avec des relents violents.

Et pourtant, insiste-t-il, toute démocratie ne se décrète pas mais se construit patiemment. De même que les droits de l’homme. Ils ne légifèrent pas non plus mais s’obtiennent par l’éducation, la sensibilisation, la formation, les exigences morales et la responsabilisation qui s’accompagne de sanctions. C’est un modèle de société qui ne saurait prévaloir, sans le renoncement éthique et pratique à toute forme de violence, qu’elle vienne du pouvoir ou de l’opposition, qu’elle vienne des présumés coupables ou des présumés innocents, qu’elle vienne des vrais coupables ou des réels innocent, des forts ou des faibles, de la mouvance ou de l’opposition.

Notre pays, reconnait-il, déjà meurtri par des histoires violentes, douloureuses, injustes et injustifiables, s’habitue dangereusement et de façon irresponsable à une culture de violence inacceptable, inadmissible et infondée. A tous les gouvernants, donc à moi-même, à tous les politiques de la mouvance ou de l’opposition, à tous les acteurs publiques, à tous les citoyens, il est temps de prendre acte de la gravité de la situation en faisant preuve de responsabilité.

Lorsque les jeunes et les moins jeunes meurent par arme à feu ou par arme blanche, qu’ils soient manifestants ou pas, à l’occasion des manifestations publiques, quels que soient les circonstances, les motifs et les auteurs, la ligne rouge est allègrement franchie. Personne ne pourra se soustraire de sa moralité, qu’on ne vienne pas demander qui a commencé, qu’on ne dise pas de compter les victimes de part et d’autre, une victime est déjà de trop. Une vie perdue est déjà de trop d’où que cela vienne, quels que soient les auteurs. Cela est injustifiable. Cela doit cesser immédiatement, cela doit être condamné par tous et sanctionné par la justice. Toutes les victimes se valent. Aucune victime ne vaut plus qu’une autre.

Lorsque les agents de forces de l’ordre sont attaqués, blessés ou tués, la ligne rouge est franchie. Notre société se porte mal, ainsi que notre pacte républicain. Faire des agents de forces de l’ordre des ennemis, il n’y a pas meilleur scénario de catastrophe collective pour la Guinée. Autant être policier ou gendarme ne peut et ne doit donner lieu à un quelconque droit de violence des citoyens en dehors du cadre idéal strictement légal, autant être policier ou gendarme ne doit être une prime à l’impunité, autant il n’est pas acceptable qu’être policier ou gendarme soit synonyme d’une cible à abattre. Cela est injustifiable et doit cesser immédiatement. Cela doit être condamné par tous et sanctionné par la justice.

Lorsqu’on s’attaque à des citoyens ou à leurs biens parce qu’ils seraient militants de l’opposition ou de la mouvance ou ayant une autre particularité, la ligne rouge est dangereusement franchie. Cela est une honte générale pour la Guinée. Lorsqu’on s’attaque à un citoyen parce qu’il est de tel ou tel parti, ou de telle ethnie ou région, qu’on ne vienne pas dire qui a commencé, qui a fait plus ou moins. Cela est injustifiable et doit cesser immédiatement. Cela doit être condamné par tous et sanctionné par la justice. Lorsqu’on brutalise, qu’on humilie, qu’on violente un citoyen sur la base des préjugés, des soupçons ou de la vengeance, que cela soit le fait des civils ou des forces de l’ordre, cela est injustifiable et doit cesser immédiatement. Cela doit être condamné sans ambiguïté par tous et sanctionné.

En conséquence, il est impératif que tous les acteurs politiques ou publics commencent par accepter et s’habituer à condamner les violences, toutes les formes de violence d’où qu’elles viennent et quels que soient les victimes. Il est plus aisé pour les uns et les autres de condamner la violence dont ils sont victimes jamais les violences dont ils sont les coupables. Il faudrait désormais qu’il s’oblige moralement et politiquement à condamner aussi les violences dont chacun se rendrait coupable, directement ou indirectement, implicitement ou pas. Il n’est pas acceptable que les condamnations dans notre pays que les condamnations soient sélectives, partisanes et partielles. Toutes les violences, ainsi que les victimes se valent.

Abdoulaye Bah, Guinéenews.org

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A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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