Le grand concert « Bye Bye Ebola » a été caractérisé par un désordre organisationnel sans précédent dans l’histoire du showbiz à Conakry. Un flop retentissant ! Le concert s’est tenu le 30 décembre dernier sur l’Esplanade du seul Palais du Peuple de Conakry. La grosse propagande médiatique autour de ce concert a abouti finalement à un résultat très mitigé sur le plan de la qualité de l’événementiel. Et ce, malgré l’implication du chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, qui avait pourtant mis tout le paquet financier pour la réussite de cet événement placé sous le signe de la fin de l’épidémie Ebola en Guinée. Sous la direction des Productions Tidiane World Music, un habitué des marchés de l’Etat, avec ses « 30 ans d’expérience » dans la culture, ce spectacle n’a pas échappé à de nombreux dérapages reflétant le manque de professionnalisme qu’on ne cesse de crier à tout moment dans le milieu culturel guinéen. Pour autant, ce concert n’a pas tenu toutes ses promesses malgré une participation remarquable des grands noms de la musique africaine dont, Sékouba Bambino Diabaté, Oumou Dioubaté, Aicha Koné (Côte Ivoire), le Roi du M’balax, Youssou N’Dour, Viviane N’Dour , Didier Awadi (Sénégal) et Nampé Sadjo (Mali) agrémenté par une horde de célèbres artistes guinéens.
De grands absents et la pagaille dans la programmation…
Egalement annoncé dans les spots publicitaires de l’évènement, la star ivoirienne du reggae, Tiken Jah Fakoly, n’était pas au rendez-vous ainsi que Takana Zion et bien d’autres supers stars conviées à la fête. Et aucune explication n’a été donnée au public par rapport à ces cas. Selon nos sources, Takana quant à lui, serait choqué de la façon dont les choses se sont « sournoisement » montées. Pour preuve, à quelques heures de ce concert, le leader de la Black Mafia s’est violemment déchargé sur le rappeur Didier Awadi du Sénégal sur les ondes de la radio Espace FM. Pouvait-t-il alors prendre part au concert ? La question reste entière…
Dans les backstages quasi inexistants, près d’une vingtaine d’artistes programmés et rajoutés express à la liste, ne cessait d’exprimer leur mécontentement sur les défaillances de la régie programmation avec de nombreuses omissions pour la scène. « C’est une fête nationale, il devait donner la chance à tous les artistes. Mais on constate que c’est par affinité ils font jouer les gens. Et ce n’est pas bon ça…. », nous a laissé entendre, un célèbre artiste guinéen en colère, préférant garder l’anonymat. C’est pour dire que l’improvisation, l’injustice et l’affinité ont régné durant tout ce concert qui a carrément dépassé son temps imparti qui était de 6 h 71mn soit 415 minutes au total comme indiqué sur la fiche de programmation.
Une régie technique et une sonorisation très mal réglées
À cela, s’ajoute un mauvais contrôle de la régie technique remorquée de Dakar à un coût faramineux. Une sonorisation qui a été très mal réglée au départ, suivie du niveau bas-de-gamme des présentateurs et maîtres de cérémonie guinéens qui s’illustraient par un déficit criard en langue de Molière. Ce concert qui a carrément empêché la tenue de la Foire Internationale sur l’Esplanade du seul Palais du Peuple de Conakry, a tout de même réussi à mobiliser des milliers de spectateurs avec accès libre.
Une grosse campagne médiatique pour le président prof. Alpha Condé
En clair, le concert « Bye Bye Ebola Show » n’a été qu’une forte propagande médiatique pour le gouvernement guinéen en l’occurrence le président Alpha Condé qui en profité pour s’offrir un exceptionnel bain de foule sous les feux des projecteurs. Ebola et ses milliers de victimes, étaient donc, le cadet des soucis des organisateurs. Eh oui !
En Guinée, c’est déplorable et pathétique de constater l’inexistante d’une politique culturelle qui profite aux citoyens et aux artistes dans une optique de développement culturel polarisé. L’instrumentalisation et la propagande politique sapent les véritables enjeux culturels de ce pays. Ce constat est à la fois alarmant et inquiétant.