Ce chiffre de 38 soldats serait nettement plus élevé si l’on prenait en compte les guinéens nés aux États-Unis, de parents immigrés guinéens ou de jeunes Guinéens nés dans les pays voisins comme le Sénégal par exemple d’où nous vient, Mohamed Traoré, né de parents guinéens ayant fui la Guinée dans les années 70. Dans la liste des millions d’individus qui ont servi l’armée américaine depuis la guerre de sécession, -liste très bien conservée par le Pentagone et qui peut est consultée que sur demande, figure des noms à consonance guinéenne. Nous y trouvons des Sylla qui s’écrivent Silla, des Diallo qui s’écrivent Jalloh, des Conté qui sont Conteh, des noms qui ne peuvent être que d’origine guineenne , mais peut être nés au Sénégal, en Sierra Leone ou dans les autres pays voisins.
Ces guinéens du US Army.
Mohamed Traoré a joint l’armée de terre en Mars 2003 après de brillantes études de gestion à l’UQAM, de Montréal, au Canada. Sa formation a eu lieu à Fort Bragg, en Caroline du Nord, -un camp qui forme les célèbres Green Bérets des forces spéciales américaines pour des actions commandos, les premières à intervenir en conflit avec les Marines Corps. Après 9 ans de service, il est actuellement Warrant Officer 2 et est chargé de gestion de propriété (Property Accounting Technician/Property Book Officer) dans sa division et gère une logistique, dont la valeur est estimée à plus de 100 millions de dollars. Entre 2006 et 2007, il avait effectué son 1er tour en Irak et y était retourné pour un 2ème tour de 7 mois, en 2011 cette fois-ci pour le retrait et la fermeture des bases militaires américaines, sur ordre du président Obama.
Un autre guinéen a fait preuve dans cette branche. Il s’agit de Mahmoud Karim Diallo, recruté aussi après les évènements du 11 septembre 2001. Après un Bachelor en Biologie pre –Med. à l’université du District of Columbia, il joint l’armée qui l’envoie à Ft Leonard dans le Missouri, pour sa formation de base. C est de là qu’il est envoyé en I rak, dans le corps du génie militaire (Engineer Combat), entre décembre 2003 et mars 2005.
A son retour sur le sol américain, il change d’unité et suit une formation en Combat Medic, formation qui le rapprochait plus à la profession médicale, à Fort Sam Houston à San Antonio, au Texas. Et entre 2009 et 2011, il fait un passage dans les renseignements militaires (Military Intelligence). En disponibilité avec l’armée depuis 2011, Mahmoud Diallo est dans la catégorie des vétérans avec rang E5, qui correspond au grade de sergent. Actuellement, il s’attelle activement à finir sa Maitrise en santé publique et de l’environnement (Master in Environmental and Occupational Health) et compte compléter cette Maitrise par un doctorat dans la même université, la Florida International University, à Miami.
Mohamed Kefing Kaba plus jeune que ceux cités plus haut est lui aussi vétéran de la guerre d Afghanistan d’où il est revenu en ce début de 2013 avec une distinction spéciale (Battlefield Promotion), -distinction qui lui a été décernée en octobre 2012. Sur le front en Afghanistan, il se rappelle avoir vu pour une courte durée, un autre guinéen, Staff sergent Bah.
Basé à Seattle dans l’État de Washington depuis 2010, le sergent Kaba après sa formation au Basic Combat Training à Fort Knox à Louisville (Kentucky) et au Advanced Individual Training à Fort Lee, avait été affecté à Fort Lewis à Seattle d’où il était parti pour l Afghanistan. En dehors de l Afghanisatn , il a effectué de courtes missions dont il ne peut parler publiquement, secret militaire oblige. A partir de juillet prochain, il sera basé près de la ville de Nuremberg, en Allemagne, pays où est déjà basé son frère Lamine Kaba , Active Reserve, au sein de l’AFRICOM,à Stuttgart.
En examinant les cas de certains de ces militaires guinéens, l’on se rend compte qu’ils ont été victimes d’une loi américaine dans le retard pour l’obtention de grades plus élevés. Cette loi américaine qui n’a rien de discriminatoire à cause de la couleur de la peau, de la race et religion et qui est en fait appliquée dans presque tous les pays du monde veut que ne deviennent officiers supérieurs que ceux qui ont pleinement la nationalité américaine. A cause de cette loi donc, certains jeunes guinéens-américains hautement qualifiés, ont accusé un certain retard dans l’élévation de leurs grades, parce que n’étant que titulaires que de la carte de résidence permanente au moment où ils joignaient l’armée. Heureusement pour eux que cette situation évolue avec le temps. C’est le sort qui est arrivé par exemple au sergent Mahmoud Diallo cité plus haut et bien d’autres.
Les guinéens-américains sont sur tous les fronts où l Amérique est impliquée. Au moment où nous écrivons ces lignes, un guinéen dont nous taisons volontairement le nom, se trouve avec le corps expéditionnaire américain dans une base militaire en Corée du Sud, où les forces américaines sont en état d’ e maximum, à cause des menaces du jeune leader de Corée du Nord. Un autre qui est enrôlé depuis 1999 donne déjà une grande satisfaction à son unité,mais il préfère qu on ne donne ni son identité, ni sa location comme le veut ses supérieurs à ccause de missions très délicates.
Pour les fins de notre enquête, nous en avons comptabilisé plus de 15 qui sont vétérans ou continuent de servir au Koweït, en Allemagne, en Afghanistan, en Iraq, aux USA. Des guinéens-américains servent aussi dans les gardes nationales qui sont sous la tutelle de chaque État. C est ainsi que l’on note la présence de guinéens dans les gardes nationales de l’État de New York, et de ceux du Minnesota et de la Caroline. Ces réservistes sont principalement mobilisés comme personnel de support durant les inondations, les tremblements de terre, mais aussi dans les zones de combat pour pallier à la pénurie de militaires. Ceux qui sont issus de la Garde nationale, suivent la même formation de base que ceux de l’armée régulière. Mais après, ils relèvent des 50 États où ils vivent. C est là que réside la différence entre Garde Nationale et U.S Army.
Un autre constat est que la profession de militaire ne semble pas beaucoup intéresser les guinéennes. En effet, aucun nom de femme ne figure sur les statistiques obtenues et les noms en notre possession. Dans l immigration récente des guinéens, celles-ci préfèrent plutôt se consacrer à leurs études, à leurs salons de coiffure, dans la vente aux supermarchés ou s’orienter vers les professions médicales.
L’armée a toujours été à l’avant-garde de l’intégration. Cela n’est pas un vain mot. Bien avant les clubs sportifs, l’armée avait joué un rôle important dans l’intégration des minorités, notamment des noirs américains pendant et après la seconde guerre mondiale. C’est le même rôle qu’elle joue actuellement, mais cette fois- ci avec les nouveaux immigrants. C est cette même armée-là qui accepté dans ses rangs les soldats noirs au moment où l homme noir était rejeté un peu partout aux États-Unis.
Un médécin militaire d’origine guinéenne soigne les grands de ce monde.
Une petite histoire de Guinéens servant dans l’armée américaine nous ramène au début des années 70. En pleine guerre froide, l’armée recrutait les sommités de par le monde. Qu’ils soient grand médecins, grands chimistes, grands physiciens ou chercheurs, ils étaient tous courtisés et recrutés avant même d’être gradués. C’est dans ce cadre que fut recruté Dr Thierno Abdouramane Poréko Diallo parmi les tout premiers, après de brillantes études, à la faculté de médecine de l’université de Lausanne, en Suisse, comme médecin spécialisé en Oncologie et en médecine d’urgence. Une fois en Amérique, il poursuit sa formation à la faculté de médecine de University of Southern California (USC), à Los Angeles, et en effectuant sa résidence à Kansas City et dans le Massachussetts.
Durant sa carrière dans l’armée qui a duré 26 années, il a servi dans les grandes bases militaires américaines, en Allemagne et notamment à Augsbourg, en Bavière, et au Landstuhl Regional Medical Center en effectuant deux tours successifs. Colonel Thierno Diallo A. Diallo – qui est camarade de promotiondu lycée classique de Conakry des Sidya, Aboubacar Somparé etc…, – fit parti de l’équipe américaine et internationale de médécins chargés de soigner le premier président algérien, Houari Boumedienne vicitime d’une crise sang – maladie de Waldenstorm – en 1978. Cela avant son évacuation sur Moscou.
De retour aux States après l Allemagne, il a notamment servi dans les hôpitaux de Washington D.C et du Maryland. Ses compétences furent aussi reconnues durant ces déploiements quand sa base s’occupait d’anciens blessés de guerre ou otages revenant du Moyen Orient via Ramstein Air Force Base.
Devenu colonel dans l’armée, il continuera sa carrière de médecin spécialiste, avant de prendre sa retraite de l’armée et se consacrer à sa pratique médicale, au Maryland et en Floride. Depuis son existence, l’armée américaine s’est toujours entourée de connaisseurs de terrain, de langues locales et de coutume d’autres nations. Cela a été fait avec les indiens d’Amérique, avec les Japonais –américains pendant la 2eme guerre mondiale, avec les Coréens américains, vietnamiens et philippins pendant les campagnes de Corée et la guerre du Vietnam. Colonel Diallo a envoyé en Guinée des conteneurs de dons médicaux pour soulager la population.
Avec la création de l Africom, les États-Unis comptent accroitre leur présence militaire et en 2010 à son arrivée au sein du commandement du United States Army for Africa (USARAF), le général David R. Hogg avait suggéré de former les militaires américains à l’endurance aux conditions de vie dans le désert africain et dans sa savane. C’est ainsi qu’il avait suggéré pour le futur la formation au French Desert Survival School à Djibouti et au African Jungle School au Gabon ou au Ghana. Un domaine où les recrues en provenance d’Afrique s’avèrent indispensables, compte tenu de leurs connaissances des langues, coutumes et mœurs de ces pays.
Qu’attirent les jeunes guinéens vers cette profession?
Certainement pas l’appât du gain. « Quand on est motivé rien que par l’argent, alors il faudrait aller ailleurs » nous lance, Mistaoul Barry, qui nous parlait comme tout recruteur rencontrant pour la première fois, les postulants. Mistaoul Barry nous dit que dans une armée de professionnels comme celle dans laquelle il est enrôlé, il y a beaucoup de choses à apprendre et à gagner, qui ne sont pas nécessairement d’ordre financier ou matériel. Il nous a longuement parlé du G.I Bill, signée en juillet 2002, par le président George W. Bush, pour faciliter la vie aux militaires dans la gratuité de l’Université, des soins de santé, du logement etc. En plus de cela, il nous a parlé des portes grandement ouvertes pour tous ceux ont fait le service dans les carrières aussi bien qu au niveau fédéral que dans celui du secteur privé. Ce constat semble être partagé par tous ceux qui ont accepté de nous parler durant notre petite enquête.
Le gouvernement américain a une préférence pour les militaires et vétérans dans l’obtention des postes fédéraux, si ceux-ci remplissent bien sûr les critères requis. Que vous soyez candidat à un emploi au FBI, à la CIA, aux affaires étrangères ou dans n’importe quelle agence fédérale, ceux qui se sont sacrifiés pour le pays en joignant l’armée et les anciens volontaires du Corps de la paix sont toujours plus favorisés par l’État que les autres qui ne se sont pas sacrifiés pour défendre le pays.
Un guinéen du Canada médaillé de la Reine Elisabeth.
Enfin, on ne saurait clore ce dossier nord américain sans parler d’autres militaires d’origine guinéenne qui ne servent pas dans l’armée américaine cette fois, mais qui évoluent un peu plus au Nord, au Canada plus précisément . Parmi eu, un vient d’être promu capitaine dans les forces armées canadiennes. Son nom : Lamine Bah.
Capitaine Bah a intégré l’armée canadienne il y a un peu plus de 10 ans, a vite gravi tous les échelons et n’est pas très loin du grade de commandant. En effet, contrairement à l’armée guinéenne, les grades dans les armées anglo-saxonnes ou dans les pays organisés sont difficilement acquis, au prix de cours et d’examens pratiques et écrits obligatoire, avec un délai d’attente de plusieurs années pour passer d’un grade à l’autre. Seul le poste de Chef d’état Major de l’armée est sujet à une nomination politique, la grande muette évoluant selon ses règles de promotion basées sur le mérite. De commandant d’unité des exercices militaires en Colombie Britanique lors des Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver en 2010 , à des exercices au Nord du Québec et dans l’Arctique canadien, aux actions conjuguées avec l’armée américaine au camp Lejeune, en Caroline du Nord, Capitaine Lamine Bah a tout fait.
Tout récemment, en novembre dernier, Capitaine Lamine Bah a été récipiendaire de l ordre de Sa Majesté la Reine Elizabeth II. Durant cette cérémonie,il avait reçu des mains du représentant de la couronne britannique au Canada, le Lieutenant Gouverneur, la médaille du jubilé commémorant les 60 ans du règne du monarque – chef d’État du Canada – pour le leadership dans le travail et la contribution au service du Canada.
Un guinéen dans le mythique Tsahal israélien.
Loin du continent nord-américain, dans une autre partie du monde où arabes et israéliens s’affrontent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, évolue un autre jeune guinéen.
Ibrahima Barry devenu Avi Bari (Ibarahima devenant Avi et Barry s’écrivant comme Bari) depuis qu’il est devenu citoyen israélien en 2008 a été promu sous-lieutenant en 2011, soit deux ans après son recrutement. Aujourd’hui âgé de 23 ans, il poursuit sa formation dofficiers tout en travaillant dans le département des ressources humaines de Tsahal, les forces de défense de l’état d israel.
Arrivé en 2005 après avoir traversé le Maroc, l Egypte et une grande partie du désert africain, celui que la presse israélienne décrit en 2011 après avoir été promu sous -lieutenant comme le bon exemple d’intégration a eu sa traversée du désert avant d’intégrer l’armée en 2009. Après le refus de sa demande de réfugié, il avait voulu être chauffeur de transport avant de rencontrer une famille de la Galilée dans le nord d Israel qui allait le parrainer et éventuellement l’adopter.
Avi Bari est le seul Africain non Falacha (les juifs éthiopiens arrivées ces 30 dernières années en masse à la ‘’terre promise» engagé dans cette armée sont connus sous le nom de Falachas). Il est resté musulman, tout comme les bédouins arabes qui aussi servent dans l’armée de l’état Juif et ne se sont jamais convertis au judaïsme. Conversion qui aurait pu pourtant arriver compte tenu de son jeune âge où on pouvait tout lui faire admettre. Geste qui démontre de l’esprit d’ouverture de sa famille d’accueil de Galilée qui n a exercé aucune pression sur lui pour être juif. Le jeune militaire se fixe comme autre objectif de décrocher un diplôme en relations internationales et faire carrière dans la diplomatie. Malgré les nombreuses difficultés d’intégration en Israel (expulsions, racisme envers les noirs de la part de ceux venus des pays de l’est européen, Ibrahima Barry alias Avi Bari a su se frayer son chemin. Son intégration médiatisée dans l’armée a eu lieu au même moment où Israel élisait son deuxième député noir et d’origine éthiopienne,l’actuel vice-président de la Knesset (le Parlement israélien), Kadima Shlomo Molla.
Enquête réalisée par Mouctar Baldé, Guineenews/Los Angeles
Mouctar Baldé , Los Angeles, USA
Source : Guineenews.org