Considéré comme l’un des meilleurs groupes de la musique traditionnelle authentique de Guinée, ‘’Les Etoiles de Boulbinet’’ célèbre, cette année, 30 ans de carrière.
Ce groupe mythique a enregistré trois albums d’anthologie (Waa Mali, Garafiri et Contrôlé) et donné plusieurs concerts à travers le monde. Il a aussi travaillé avec des grands de la musique africaine et mondiale.
A l’occasion de leur trentième anniversaire, votre quotidien en ligne est allé à la rencontre du deuxième chanteur des ‘’Etoiles de Boulbinet’’ qui a intégré le groupe à l’âge de 17 ans.
Sory Lengué, revient sur quelques moments forts du groupe et parle d’un éventuel retour au-devant de la scène nationale.
Lisez plutôt !
Afroguinée : Bonjour Sory Lengué, vous êtes l’un des éléments clés du groupe traditionnel Les étoiles de Boulbinet, dites-nous comment se porte le groupe ?
Sory Lengué : Le groupe se porte très bien ! Actuellement nous sommes en train de travailler sur un nouveau projet qui viendra bientôt si tout va bien. Je parle régulièrement avec M’Pandi notre leader qui vit en Allemagne avec sa famille, il reviendra bientôt au pays pour réaliser ce nouveau projet.
C’est aussi une manière de dire aux nostalgiques des étoiles que le groupe existe bel et bien même à défaut d’un manager digne de nom nous tenons la baraque.
Un nouveau projet ? S’agit-il d’un nouvel album ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Sory Lengué : Pour l’instant, je ne peux vous en dire trop. Nous sommes en train, de réveiller le groupe avec les anciens. Nous avons aussi des nouveaux jeunes entrants qui travaillent nuit et jour pour donner un nouveau souffle au groupe. Quand M’Pandy sera de retour au bercail, nous allons tenir une grande réunion pour décider ensemble sur ce que nous voulons mettre en œuvre pour nos fans.
Après 30 de carrière musicale en Guinée, qu’est-ce qui explique l’absence du groupe sur le marché du disque?
Sory Lengué : En Guinée ce n’est pas facile, beaucoup de choses peuvent expliquer cela, la première est le décès de notre cher aimé manager et fondateur du groupe feu papa Yans, il représentait tout pour notre groupe.
Nous avons aussi connu des moments de controverses au sein du groupe mais après tout était en ordre. C’est comme ça la vie il y a des hauts et des bas.
Quel est le besoin urgent du groupe pour qu’il se relance ?
Sory Lengué : Le groupe a besoin d’un bon manager comme l’avait été Yans, nous, le talent ne nous manque. Il nous faut aussi des financements.
Le groupe à trois albums à succès dans sa discographie : Waa mali, Garafiri et Contrôlé. Dites-nous parmi ces albums quel est votre coup de cœur ?
Sory Lengué : Pour moi les trois albums sont bons, ce n’est pas à moi de donner le coup de cœur ; c’est à nos mélomanes, mais selon moi c’est l’album Waa mali sorti en 1997 qui nous a révélé. C’était notre véritable 1er succès je me rappelle du concert de cet album au palais c’était inoubliable, l’album contrôlé aussi nous a ouvert l’international, il a été arrangé par Boncana Maiga, ça nous a permis de faire un concert en France.
Vous êtes maintenant devenu un doyen pour la nouvelle génération, quel regard portez-vous sur la musique populaire guinéenne d’aujourd’hui ?
Sory Lengué : Pas mal pour moi, sauf que les jeunes artistes guinéens ne créent pas. Et pourtant la musique, c’est la création. Avant de chanter il te faut une mélodie qui t’identifie par rapport aux autres pays, nous les étoiles de boulbinet notre force était aussi les gongoma, les n’goni…
Écouter actuellement les jeunes artistes guinéens, c’est presque le même rythme. Y a pas de création culturelle c’est de copier-coller, les beat-makers sont plus considérés que les instrumentistes. Il faut qu’ils travaillent ce côté sinon on ne va jamais arriver aux chevilles des autres pays voisins.
Le nouveau ministère de la Culture est un ancien rappeur de renommée Alpha Soumah alias »Bill de Sam », que pensez-vous de sa nomination et quelles sont vos recommandations à son égard ?
Sory Lengué : C’est avec beaucoup de joie que j’ai appris sa nomination puisqu’il a été artiste donc pour moi il est mieux imprégné des conditions difficiles des artistes guinéens.
Il faut qu’il écoute les artistes pour ne pas répéter les erreurs du passé, il y a des personnes au ministère de la culture qui freinent l’évolution de la culture, il doit se méfier de ces gens.
Sous le régime d’Alpha Condé on a choisi les gloires par complaisance ils nous ont mis à l’écart au profit des artistes qui n’ont rien fait pour la guinée c’est dommage. Moi j’ai confiance en lui je demande au président Mamady Doumbouya d’augmenter le budget de ce département.
Pour finir, quel est le message principal à lancer aux mélomanes et nostalgiques du groupe?
Sory Lengué : Merci à Afroguinée ! Mon message principal est de dire aux nostalgiques du groupe de rester fidèles, je sais qu’il y a beaucoup de questions posées au sujet du groupe, c’est normal…
Malgré le manque de moyens financiers et de manager, nous continuons à travailler pour revenir en force. Les étoiles de boulbinet est un patrimoine culturel et une référence culturelle guinéenne qu’on doit aider. Je lance un appel à toutes les aides possibles qui pourront redonner la force au groupe. À bientôt !
Entretien réalisé par Mohamed LENO
AFROGUINEE