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Rahim Diallo : « Il nous faut des organisations fortes d’acteurs culturels »

Abdourahim Diallo, Label Manager à TERA MUSIC

INTERVIEW- Rahim Diallo n’est plus a présenter dans le milieu culturel guinéen. Depuis plus de 10 ans, il est très actif pour un développement participatif de la filière musique en Guinée. L’actuel Manager du label TERA MUSIC nous a accordé un entretien pour parler du milieu en cette période de crise. Une interview palpitante. Lisez plutôt !

Salut Rahim ! Comment vas- tu ? 

Abdoulrahim Diallo Slt Afroguinée, je vais bien par la grâce de Dieu et j’espère qu’il en est de même pour vous.

Quels sont tes astuces en cette période de confinement et de ‘’ Couvre-feu ’’ à Conakry ?

A ma connaissance, il n’y a pas de confinement officiel en Guinée mais certainement des personnes ont pris cette initiative de façon personnelle. Pour répondre à ta question, il est primordial que l’on respecte les mesures sanitaires de façon systématique et drastique. Il n’y a que cela pour l’instant qui puisse nous protéger le mieux de la maladie du Covid-19.

La culture est en arrêt en Guinée comme un peu partout dans le monde avec cette pandémie liée au Covid-19. Quelle est ta lecture de la situation dans notre pays ?

C’est une catastrophe et d’énormes pertes pour les acteurs de la culture et pour ce qui vivent de cela. Déjà que cette culture ne se porte pas très bien et qu’elle a du mal à s’en sortir, cette maladie apporte un autre coup dur. Nous sommes dans une économie informelle du show business en Guinée et beaucoup d’emploi déjà précaire seront perdus. Malheureusement, aucune étude d’impact n’est encore disponible mais espérons que les autorités prendront des mesures pour que des entreprises qui ont au moins perdu de l’argent pour donner suite aux reports des concerts puissent avoir un coussin de sauvetage. En tout cas, quoi qu’il en soit la saison culturelle 2020 est perdue puisque nous avons les élections présidentielles qui nous attendent aussi.

On a l’impression que les artistes et les opérateurs culturels guinéens sont laissés pour compte par l’Etat avec l’annulation des événements sans mesure d’accompagnement. Quelle est ta réaction ?

Je ne pense pas qu’il faut blâmer l’Etat. Même si l’Etat prenait des mesures comment cela se traduirait sur le terrain de façon objective ? Je le disais plus haut, nous sommes dans une économie de la culture encore très informelle et sans données fiables. Et à quel interlocuteur devra-t-il s’adresser ? Si nous devons obtenir un soutien de l’Etat quel qu’il soit il va falloir avoir des organisations fortes d’acteurs culturels. Il est utopique d’attendre tout de l’Etat, nous devons être force de proposition et organiser notre secteur afin qu’en pareille circonstance nous puissions réclamer des mesures.

Qu’est-ce qui manquerait aujourd’hui à la musique guinéenne pour être mieux vendue à l’extérieur du pays ?

C’est difficile à dire et chacun peut avoir diverses interprétations. Mais pour moi, ce sont trois choses qui manquent à la musique guinéenne : Professionnalisme, l’organisation et les moyens financiers. Professionnalisme parce que la majorité embrasse ce secteur par opportunisme et/ou par passion. Peu de gens prennent la peine d’apprendre le métier et connaitre réellement les règles et codes du métier.

Ensuite, il y a l’organisation, parce qu’on ne peut pas développer un secteur si les acteurs vont en rang dispersé. Il est primordial que l’on puisse vendre notre musique en Guinée d’abord et que l’on puisse en vivre en tirant les ressources ici. Et pour cela, il faut s’organiser et ce n’est qu’après cela que l’on peut prétendre à vendre aux autres notre musique. Si tu prends le Nigeria, par exemple, la grande majorité de leur revenu vient de leur pays. Tu as des artistes nigérians qu’on ne connait même pas à l’international mais qui vivent de leur musique.

L’international est un plus mais le marché local est primordial. Et cela ce n’est pas l’Etat qui va l’organiser pour nous. Il peut y contribuer mais c’est aux acteurs de s’organiser et de proposer des solutions en créant des institutions fortes : Fédérations de Producteurs, Associations d’artistes, etc., capables d’être des interlocuteurs des états et des institutions. Et ensuite, les moyens financiers viendront car les investisseurs n’investissent que dans un business rentable.

Y a-t-il un sujet particulier qui te tient à cœur en ce moment ? Une idée, une cause à défendre ?

Le sujet qui me tient à cœur ce sont les droits d’auteurs. Pour moi, c’est la clef de sol de l’industrie musicale. Et tant que la question du droit d’auteur ne sera pas réglée, nous allons encore longtemps tourner en rond. Il est impératif que les auteurs guinéens puissent toucher leur redevance correctement. Et pour cela, il faut un Organisme de Gestion Collective efficace.

Et tu penses que le BGDA n’est pas fiable pour la gestion des droits d’auteurs en Guinée ?

Oui, je le pense pertinemment ! Le BGDA n’est pas fiable. Le Bureau Guinéen des Droits d’auteurs a des lacunes avérées. Il faut améliorer sa gestion et sa transparence, il n’a aucun outil de monitoring. Il y a des acquis certes comme la nouvelle loi sur les droits d’auteurs mais il y a énormément de travail à faire au sein de cette institution notamment dans la perception des outils de gestion et la digitalisation.

Je te remercie de nous avoir accordé cet entretien.

Merci à vous de m’avoir permis de m’exprimer.

Propos recueillis par Aboubacar M. CAMARA

AFROGUINEE

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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