En prévision d’une baisse considérable de ses ressources, La Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique met en place un plan d’urgence pour ses sociétaires les plus fragiles
Avec près de 170 000 membres, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM) vit une situation inédite. L’annulation brutale de tous les spectacles vivants, mais aussi la fermeture des lieux publics, entraîne pour tous les sociétaires une impossibilité de travailler et des pertes immédiates de revenus.
Chargée de collecter les droits des créateurs de 167 nationalités différentes (mais majoritairement français), la SACEM redistribue quatre fois par an les revenus issus de la vente de disques, de la programmation de concerts, et de la sonorisation de tous les espaces ouverts au public. Soit une moyenne annuelle d’environ 1,3 milliard d’euros, dont les deux tiers pour ses sociétaires (la partie restante était collectée sous mandat pour le compte d’autres ayant-droit).
Depuis sa création en 1851, la solidarité entre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique cimente la raison d’être de la SACEM, qui rappelle que le droit d’auteur ne doit pas seulement servir la rémunération de l’instant, mais « protéger celles et ceux qui ont dédié leur vie à l’art et à la création, dans une démarche professionnelle ».
Envisageant un effondrement de ses recettes ce printemps, la SACEM redoute donc une baisse importante des droits d’auteur versés à partir de janvier 2021.
Réuni jeudi, le conseil d’administration a décidé la mise en place d’un plan d’urgence pour les auteurs, compositeurs et éditeurs de musiques. « La Sacem accompagne ses membres à chaque étape de leur vie, non seulement en leur répartissant leurs droits d’auteur qu’elle collecte, mais aussi par son action culturelle et nos mécanismes de solidarité » insiste Bruno Lion, Président du Conseil d’administration de la SACEM. « En ces jours difficiles, cet engagement prend tout son sens ».
« Les pouvoirs publics doivent intégrer, dans les dispositifs qu’ils mettent en place, la spécificité des métiers des auteurs et des compositeurs »
Le plan d’urgence sera opérationnel dès le 2 avril et comprend trois dispositifs d’aide.
- Un fonds de secours de 6 millions d’euros a été débloqué pour les sociétaires ne pouvant plus répondre à leurs besoins de première nécessité. Selon les cas, une aide allant de 1500 à 5000 euros pourra être attribuée.
- Une avance exceptionnelle de droits d’auteur pourrait aussi venir en soutien des sociétaires en difficulté économique. Si tous les sociétaires éligibles y font appel, le montant global de cette avance pourrait atteindre 36 millions d’euros.
- Pour les éditeurs de musique, le programme d’aide de l’action culturelle dont ils bénéficient déjà sera renforcé d’un million d’euros supplémentaire.
Jean-Noël Tronc, directeur général et gérant de la Sacem appelle « les pouvoirs publics à intégrer, dans les dispositifs qu’ils mettent en place, la spécificité des métiers des auteurs et des compositeurs, qui ne sont pas salariés et doivent pouvoir bénéficier de dispositifs équivalents aux travailleurs indépendants, et des éditeurs de musique, qui sont la plupart du temps des TPE mais dont le modèle économique correspond peu aux dispositions déjà annoncées. »
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