DJ Soul Le Sorcier se rapproche de plus en plus de son pays d’origine, la Guinée, avec dans son sac des projets ambitieux.
Après une grande expérience dans le métier de DJ et de la production à l’étranger, DJ Soul Le Sorcier entend s’installer à Conakry pour y apporter son savoir-faire.
Nous l’avons rencontré lors de son récent séjour en Guinée pour nous parler de ses débuts et de sa belle aventure. Lisez plutôt !
On vous appelle DJ Soul Le Sorcier, en quoi ce révèle cette sorcellerie ?
La sorcellerie ! Ça ne vient pas de moi, c’est les artistes qui m’ont donné ce surnom, à chaque fois que je les accompagnais en studio et il arrive des moments où ils sont bloqués, plus d’inspiration et je donnais quelque chose qui déloquait du coup la situation. Et ils me disaient que ‘’ Toi, tu es un sorcier’’. Donc c’est parti de là dans les chansons avec les artistes. Donc c’est venu comme ça, ce surnom de sorcier.
Dites-nous, c’est quoi la particularité d’être un DJ au sens large ?
Bon ! Un Dj aujourd’hui ce n’est pas juste changé les cassettes ou aligner les disques. Nous sommes devenus des thérapeutes aussi. Nous soignons, ça veut dire nous donnons de l’humeur. Donc l’animation ce n’est pas juste jouer de la musique, c’est d’animer par rapport au public qui est là en tenant compte de leurs humeurs, mettre les gens à l’aise.
Si vous animez en club, quelqu’un qui vient il ne se sent pas bien alors qu’il est là pour se défouler, c’est au DJ de le mettre à l’aise. C’est là on reconnait un bon DJ à la différence de quelqu’un qui fait juste de l’animation parce que le but c’est de faire danser tout le monde sur des mélodies. La différence c’est ça, c’est donner de l’émotion, mettre les gens bien, c’est ça un bon Dj.
Vous êtes l’un des meilleurs DJ guinéens reconnus dans la sous-région et à l’étranger. Parlez-nous de vos débuts dans ce métier et des rapports avec vos parents notamment ?
À la base, moi je n’ai pas commencé l’animation en Guinée. Déjà la musique, c’est ma passion, étant tout jeune en Guinée, j’ai commencé aussi par la danse à l’école, j’avais essayé de chanter mais vu que je n’avais pas un grand talent de chanteur, je me suis retiré.
Arrivé en Europe, j’étais là-bas pour les études. Mais à la base d’abord, chez moi, mes parents sont libres, ils sont free, parce que quand j’étais jeune, quand on partait au studio, c’est ma mère qui finançait mon studio avec mes amis, on n’avait à l’époque 14 ou 15 ans. C’est elle qui me donnait l’argent pour aller au studio donc, je pense que chez nous ce n’est pas un problème du moment que, tu restes dans le cadre du sérieux et tu ne fais pas du mal à quelqu’un, tu ne dérange pas personne donc il y’a pas de limite.
Donc je suis parti en Europe pour mes études, comme j’aimais ce monde du show, j’organisais des évènements et je louais des Dj parce que moi, je n’étais pas Dj à la base. Donc ça c’était les années 2003, en Allemagne pour jouer des concerts. Et souvent les DJ me lâchaient à la dernière minute.
Quand le DJ ne venait pas, je forçais moi-même pour animer la soirée, mais ça ne faisait pas de moi un bon DJ. A partir de là, les gens m’appelait aussi pour animer leur soirée. Ce plaisir de voir les gens danser et s’amuser en soirée, m’a fait aimé le monde des DJ.
Et j’avais un grand frère Papus Fofana qui avait une boite de nuit à Berlin, qui est ancien DJ qui est très bien, qui est devenu mon mentor d’ailleurs, je le fréquentais. Comme il m’avait déjà dit : ‘’ Soul comme tu connais la musique, moi je vais t’apprendre comment mixer et autre’’. Je me suis donc bien équipé avant de connaître le métier. Il m’a montré plein de choses, je faisais aussi des recherches et puis je me suis retrouver DJ pro mais à la base j’étais promoteur et je suis toujours promoteur culturel.
Actuellement vous résidez au Canada, quel est votre regard sur la culture guinéenne, très particulièrement la musique ?
Ça fait juste 7 ans et bientôt 8 ans que je suis au Canada, mais j’ai fait une quinzaine d’année en Allemagne. Ma vision de la musique guinéenne, c’est vrai que sur le plan national pour moi ça avance, comme les gens aiment le dire.
Maintenant le problème, c’est sur le plan international. Comment l’exporter et je sais que c’est un problème général. Je sais que dès fois certains disent que c’est les artistes mais c’est un problème ou tout le monde est concerné.
Que ça soit la presse, nous les Dj, les managers, les bookers donc nous devons tous travailler ensemble pour qu’on puisse passer ce blocus-là pour pouvoir exporter la musique guinéenne.
Pour moi, la musique guinéenne s’exportait mieux avant qu’aujourd’hui. Parce qu’on a eu de grands artistes telles que : les Bambino, les Mory Kanté. Manfila, les Djely Sayon, les Lama Sidibé qui faisaient des tournées en Afrique et ailleurs dans le monde.
Aujourd’hui, quand on parle de l’exportation, ils sont peu les artistes guinéens actuels qui font de vraies tournées, on ne parle même pas des prix internationaux tant qu’il n’y en a pas.
Je ne dis pas que la nouvelle génération ne travaille pas mais parlant de l’évolution de la musique guinéenne actuelle ça donne à réfléchir. Personnellement, la question que je me pose, si ça évolue vraiment pourquoi les anciens ont toujours eu plus des tournées, eux ils étaient dans des grands festivals et aujourd’hui la musique dont on dit évolue ne représentent pas ailleurs. Donc c’est la question que je me pose et peut être les lecteurs pourrons m’aider à trouver solution.
Les artistes guinéens ont du mal à se faire vendre sur les grands planchers internationaux.
C’est quoi le hic, selon vous ?
Oui c’est ce que je disais. Le problème est qu’on doit travailler ensemble. Il faut mettre en place une véritable industrie avec tous les acteurs : Presse, promoteurs, producteurs, managers, etc. Au fait, chacun doit faire son travail pour pousser l’art et la musique guinéenne. Mais l’artiste aussi doit reconnaître toute cette chaine-là, parce que c’est sûr que c’est lui qui est devant, mais le gros boulot se fait par ses hommes que je viens de citer. Donc je pense que c’est cette structuration qui nous manque.
Nos artistes ont du talent, ils font du bon boulot mais juste il faut une autre stratégie pour sortir de là. Sinon ce n’est pas la qualité de la musique qui manque. On a vu aussi l’évolution des clips actuels, c’est des clips qui sont de standard international. Il faut reconnaître le travail bien fait de de chacun.
Le hic, c’est que tout le monde se proclame maintenant manager, communicant ou agent booking, au lieu de partir vers des professionnels, on refuse pour ne pas les payer.
Allons-y ensemble vers les professionnels, qui peuvent nous amener loin, avec les artistes qui ont le talent international. Parce que tout ce qu’on cherche c’est de quitter d’un point A pour le point B. Que ça soit journaliste, manager, communiquant ou booker, il faut aller avec un professionnel. Et d’arrêter de se fier à ceux qui nous font plaisir, nous disant ‘’Non tu as bien chanté’’. On doit chercher à aller plus loin.
Et quels sont vos projets pour le pays ?
Bon j’ai beaucoup de projet en vue, je m’approche petit à petit de la Guinée parce que le futur : c’est l’Afrique, donc une raison de plus pour nous. Moi personnellement, je commence à venir m’y installer petit à petit parce que je suis guinéen avant tout.
Je travaille actuellement sur l’installation de ma maison de multimédia qui est Gallé Multimédia qui est actuellement au Canada.
Il y’a aussi Soul2Soul Production que j’essaye de ramener en Guinée, qui aura plusieurs branches. Je ne vais pas tout dévoiler maintenant, ce qui reste claire il y’a toute une équipe de jeune qui ont vraiment le talent qui serons avec nous pour nous accompagner. Incha-Allah, ça serait notre contribution pour la culture guinéenne.
Si aujourd’hui tu mettais en place un label, quel serait votre vision pour faire tourner les artistes du pays dans les grandes rencontres culturelles ?
J’ai déjà un label depuis 2009, j’ai produis des artistes. J’ai pas mal sorti des artistes telles que : DJ Sisco, j’ai produit quelques son de Jack Woumpack, Gbèssa Fanta etc… Comme on le dit, sur le plan international, c’est juste travailler sur les boockings. Vue que la structure n’est pas encore en Guinée, on ne va pas dévoiler notre stratégie mais ceux qui est sûr, les artistes qui viennent vers l’extérieur on arrive à leurs faire tourner.
Quel est votre message aux jeunes talents de Guinée qui ont du mal à se faire un véritable chemin ?
Bon le message que j’ai pour ses jeunes, c’est de ne pas se laisser intimider. Chacun à sa place dans la musique, les talents sont différents, la présentation scénique aussi.
Donc il faut pas aller se cacher derrière quelqu’un juste parce que la personne vous fais croire qu’on ne peut pas y arriver sans lui. C’est vrai qu’on doit du respect aux devanciers, d’ailleurs à tout le monde mais ce n’est pas une raison de croire qu’il faut telle ou telle personne pour y arriver. Non !
L’important c’est croire à son talent, à son destin et travailler. Heureusement, aujourd’hui, il y’a la technologie pour se faire voir. Il faut avoir son talent et collaborer avec les professionnels. Donc il faut y croire !
Propos recueillis par Idy BAH pour ©AFROGUINÉE