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Interview : N’Faly Kouyaté répond à nos questions libres !

Né en Guinée, plus précisément dans le Konkoba profond de Siguiri, N’Faly Kouyaté est un artiste guinéen de renommée internationale qui a su forger son art sur les fondements de la musique traditionnelle mandingue et moderne.

Deux fois nominé au Grammy Awards, le korafola est détenteur d’un Disque d’Or et du Prix Anglais Sound Line.

L’enfant du konkoba à plusieurs fois représenté la Belgique dans de grandes rencontres artistiques internationales. En séjour en Guinée, N’Faly Kouyaté nous a accordé une interview exclusive. Lisez plutôt !

Mr Kouyaté, Bonjour !

Dis-nous, de façon succincte, comment est-ce que tu t’es retrouvé en Europe où tu t’es installé depuis plusieurs années ?

N’Faly Kouyaté : Je suis allé en Europe parce que le gouvernement guinéen à travers le Ministère de la Culture m’a donné une bourse pour aller étudier la musique informatique et c’est ainsi que je me suis retrouvé de l’autre côté de l’atlantique. Chapeau à Mr Telywel Diallo qui a cru en moi en facilitant les choses. De fil en aiguille, j’ai eu un contrat pour pouvoir étudier au conservatoire en Belgique en vue d’enseigner la Kora. Et c’est comme ça, que je suis allé en Europe et je m’y suis installé finalement pour vivre de mon art.

 T’es à la tête de Namun Group crée depuis 1996 à Bruxelles. Quelles sont les priorités de cette structure, les projets que vous avez réussi à réaliser et vos ambitions futures ?

Namun Group a été installé en 1996, les acquis que nous avons, on n’a grandement participé à la promotion de la culture africaine dans son entièreté à l’aide des actions de développement du point de vu éducatif et puis culturel de certains pays dont : le Rwanda, on n’a fait un concert pour construire une école au Rwanda, on n’a fait la même chose pour le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et Angola.

En Guinée, nous avons apporté beaucoup de matériels médicaux, des dons au cabinet dentaire à l’hôpital Donka, il y’a quelques années de cela, nous avons aussi apporté plusieurs fois de l’aide avec du matériel socioéducatif à Siguiri. Nous avons donné la chance aux artistes de faire des tournés internationale avec nous.

En Europe, nous avons travaillé avec pas mal d’artiste avec notre école Namun School notamment avec la grande danseuse Aminata Maciré Touré qui est une des étoiles flamboyantes. Nous avons aussi travaillé avec Babara Bangoura dans mon groupe African All Soud System. Nous avons fait des actions humanitaires en apportant de l’eau (forage) à la population de la Guinée, beaucoup de forage. Nous avons amené des médicaments et des appareils comme des glucomètres pour la prévention et des soins pour les personnes diabétiques.

La structure Namun Group pose, une fois de plus, ses valises en Guinée. Quels sont vos projets pour la culture guinéenne sur le sol guinéen ?

Nos projets pour la culture guinéenne sur le sol guinéen sont d’apporter notre grain de sel à la révolution culturelle. Dans la mesure où on entend souvent dans les médias que la musique guinéenne fait des plagiats, la musique guinéenne est ceci et cela. Mais il faut oublier que les musiciens guinéens qui sont là ont le talent, il, y’a beaucoup de talentueux, à l’image par exemple de Soul Bang’s et Manamba, se sont des étoiles filantes, il y’a plein d’autre artiste comme ça : Azaya, Petit Kandja qui ont la voix explosive, mais dans tout ça, nous avons aussi besoin de fabriquer des petites pépinières et donner aussi la chance à ceux qui sont dans l’ombre.

Nous sommes venus avec trois projets qui sont dans notre valise cette année qui sont :  Excursion culturelle et musicale, un projet qui consiste faire venir des Européens pour apprendre notre musique, notre culture ici et à découvrir nos villages, les cultes de nos villages. Le deuxième projet, c’est African Star Academy, nous avons des jeunes talents qui ne sont pas connus. Nous, nous voulons lancer un concours dans les 33 préfectures où nous allons faire une pré-sélection de deux jeunes artistes, dans chaque région et à Conakry. Ensuite, à Siguiri pour les former et les coacher pour qu’ils puissent compétitifs sur le plan international. A l’issu d’un concours, le lauréat va gagné Le Pix Konkoba.

T’as obtenu récemment le trophée Sekou Bembeya au Festival de Jazz & Co qui vient s’ajouter sur au trophée les Victoires de la Musique guinéenne. Qu’est-ce que cela représente pour N’faly Kouyaté ?

Cela représente beaucoup pour moi dans la mesure ou ont dit souvent que nul n’est prophète chez soi. Ce prix est très important pour moi, dans la mesure où ce prix réhabilite un grand artiste qui est Sékou Bembeya a son vivant. Le plus souvent on jette des fleurs sur des artistes à titre posthume. Mais ici, on reconnait la valeur de l’artiste pendant qu’il vit et c’est pour cela que ce prix m’est beaucoup plus important.

Artistiquement, la Guinée regorge de nombreux talent mais qui ont du mal à s’affirmer sur les grandes scènes à l’international. D’après toi, cela est dû à quoi exactement ?

C’est à la fois une triste réalité et une gangrène qu’il faut éradiquer. Namun Group est entrain de lutter sur trois chemins sur ça. Non seulement, refaire la pépinière pour assurer la relève. Il faut commencer à former les jeunes à la musique traditionnelle. Il y aussi une vérité amère à dire aussi : Nous avons beaucoup d’artistes talentueux, mais il  y’en a plein qui font du plagiat, il y’en a qui font du copier-coller sans vergogne. C’est très dommage !

Authenticité, célébrité et aventure, ce n’est pas évident pour les artistes guinéens. Que choisir ?

Il y a de nombreux artistes guinéens qui résistent à toute cette facilité. Ceux là se battent tout en restant dans l’authenticité, rester dans l’idéal de la culture de chez nous. Quelques fois, ces talents font tout pour pouvoir aller à l’étranger pour valoriser notre art, mais ils n’ont pas la chance d’y arriver. C’est là où il faudrait se battre parce que nos producteurs guinéens qui sont à l’étranger ne servent pas la culture guinéenne mais ils se servent de la culture guinéenne pour se remplir les poches.

Merci de nous avoir accordé cet entretien.

C’est moi qui vous remercie.

Propos recueillis par Idy BAH pour AFROGUINEE

 

 

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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