Les Etats-Unis d’Amérique viennent d’annuler, ce 1er février 2013, la totalité de la dette guinéenne à hauteur de 93 millions de dollars datant de plusieurs décennies
« Nous devons être clairs sur un point important: notre annulation de la dette passée de la Guinée est un vote de confiance pour son avenir. Afin d’atteindre l’achèvement PPTE, le gouvernement de Guinée a pris des mesures drastiques pour améliorer ses politiques budgétaire, monétaire et sanitaire » a déclaré S.E. Alexander Laskaris Ambassadeur des USA lors de la cérémonie de signature pour l’annulation de la dette guinéenne.
Poursuivant, le diplomate a indiqué que « l’inflation a chuté de plus de 25 pour cent en-dessous de 13 pour cent ; le budget du gouvernement est équilibré ; et la gouvernance budgétaire et monétaire a été à la fois renforcée. La croissance du PIB est passée de 1,9 pour cent en 2010 à 4,8 pour cent en 2012 ».
Pour lui, « les taux d’alphabétisation et de vaccination ont tous deux amélioré. Le FMI a cité à la fois le solide leadership du Président Condé et du Ministre des Finances Kerfalla comme essentiel pour ce point d’achèvement ».
Cependant, a-t-il apprécié, « je dois avouer que – pendant mes cinq mois à Conakry – aucun guinéen ne m’a jamais posé de questions sur l’Initiative PPTE. La question fondamentale que chaque Guinéen me pose est: «comment un peuple peut-il travailler si dur et être si pauvre? » »
Plus loin, le diplomate rapporte que « la pauvreté de la Guinée n’est pas un phénomène naturel, il n’est pas non plus ordonné par Dieu. Il est le résultat de mauvaises décisions politiques qui sont actuellement interrogées. Un peuple courageux, une tradition de l’éducation, des sols fertiles, l’eau en abondance et la richesse minérale illimitée devraient être une formule de succès ».
« Au lieu de cela, déplore-t-il, la Guinée reste près du bas de chaque indice des statistiques du niveau de vie. La Guinée est à la veille des élections législatives, mais les seuls débats que nous entendons portent sur questions techniques. Avec l’atteinte de l’annulation du PPTE, il est temps pour le travail difficile de la démocratie de commencer ».
L’ambassadeur a saisi aussi l’occasion pour lancer « un appel aux partis politiques – ceux au pouvoir et ceux de l’opposition – pour lancer le débat dont la Guinée a besoin: – Qui va réformer la fonction publique afin qu’elle serve le peuple de Guinée plutôt que de se servir elle-même? – Qui va interdire l’utilisation de la fonction publique à des fins privées? – Qui va gérer la richesse minérale du pays pour le bénéfice du peuple? -Qui va allumer le courant, remplir les robinets d’eau potable, et entretenir des routes praticables? -Qui va mettre les jeunes à l’école et assurer le bien-être des personnes âgées? -Qui veillera à ce que les cliniques disposent de médicaments contre le paludisme et que les médicaments contrefaits et périmés ne soient plus vendus sur les marchés? -Qui va nettoyer la saleté et les ordures qui menacent la santé et de la décence de Conakry et d’autres grandes villes? -Qui veillera à ce que l’armée protège la souveraineté de la Guinée et que la police protège son peuple? »
S.E. Alexander Laskaris a souligné aussi que « le PPTE est nécessaire, mais insuffisant, pour répondre aux besoins de la Guinée ; c’est un début prometteur, mais qui ne portera ses fruits que si le peuple de Guinée – par la voix des urnes et toute la gamme des instruments démocratiques – demande mieux de la part de ses dirigeants. La macro-économie ne met pas de nourriture sur la table, mais c’est la bonne gouvernance qui le fait. Les électeurs doivent décider qui ils soutiennent, et ils doivent donner une chance au gouvernement de se produire. S’il échoue à le faire, le peuple doit voter contre lui et essayer à nouveau ».
A en croire l’ambassadeur, la démocratie et la prospérité ne viendront pas avec une élection législative, ou même avec deux ou trois campagnes. « Cependant, il est de notre espoir qu’au fil du temps, les seules personnes au chômage en Guinée seront ces politiciens qui ont échoué à servir leur peuple » a-t-il conclu.
Synthèse d’Amadou Kendessa Diallo
© Copyright Le Jour (gn)