Recrue phare du mercato rennais, Serhou Guirassy (24 ans), transféré d’Amiens pour 15 M€ hors bonus, a accordé à Ouest-France son premier entretien en Rouge et Noir.
Entretien !
Comment avez-vous commencé le football ?
Mon grand frère, Caramba Guirassy, jouait dans le club de ma ville, Montargis. J’ai commencé dès la première année où on peut avoir la licence, en poussins. Mais au bout d’un an, j’ai arrêté, je n’aimais pas le foot ! Je n’étais pas trop à l’aise avec l’ambiance aux entraînements. Puis au bout d’un an d’arrêt, j’ai repris (rires).
Quel était votre environnement familial ?
Mon père était agriculteur, ma mère ne travaillait pas. Il faisait du blé, du coton… Ici en France et même en Afrique. Avec ma mère, ils voyageaient beaucoup, retournaient souvent au pays (en Guinée). Moi, ça fait longtemps que je n’y suis pas revenu. Avec le foot, ce n’est pas simple. Les périodes de vacances sont courtes. J’ai toute ma famille là-bas, mes cousins, mes oncles et tantes. C’est notre pays.
Vous avez donc commencé le foot à Montargis, en passant rapidement chez l’ennemi.Pour pimenter les derbies ?
(Rires). Même pas ! J’ai commencé à Montargis, la ville où il y a tous mes potes, où j’habitais, et il y a aussi le club d’Amilly, voisin, à dix minutes, mais c’était un club qui avait plus de visibilité. C’est pour ça que je suis allé là-bas. C’est sûr que je me sentais mieux à Montargis avec tous mes amis proches, du même quartier. Mais moi, j’avais un rêve en tête, il fallait faire le choix d’aller à Amilly.
Le rêve de devenir pro est venu très tôt ?
Dès que j’ai pris du plaisir sur un terrain, c’est devenu un objectif. C’est venu très tôt, en U11 je pense, bien avant d’être repéré vers 15 ans. À l’époque, je jouais défenseur central, puis je suis passé au milieu et j’ai fini attaquant.
Vous avez été repéré à 15 ans. Racontez-nous.
Oui, je suis rentré à Laval pour la première année au centre de formation. J’avais fait un essai à Auxerre, mais je n’avais pas été pris. J’étais un peu dégoûté d’avoir échoué et je me suis dit que je n’allais pas être pro.
Aviez-vous passé les tests au Stade Rennais ?
Non, jamais. Je devais venir à Rennes, je me rappelle j’étais petit et ma mère n’avait pas voulu au dernier moment parce que j’avais fait des bêtises (rires).
Vous faisiez beaucoup de bêtises, petit ?
Non. Ça arrivait parfois sous l’effet de la confiance, mais j’ai toujours été tranquille à l’école.
L’école, ça vous intéressait ?
Non, ça ne m’intéressait pas du tout, mais c’est comme le foot. Quand tu commences, tu sais que tu vas y être pour des années. Donc je savais que, quitte à aller à l’école, autant valait-il avoir mon bac, en plus ma mère était à fond sur ma scolarité. Dans ma tête, je me disais qu’avant d’arriver au bac, il y avait au moins douze ans d’école, donc sortir sans le bac, ça aurait été comme faire tout ça pour rien.
Vous n’avez jamais voulu faire le métier de votre père ?
Non. Lui m’a laissé choisir. En plus, il aime bien le foot.
Après Laval il y a eu Lille, c’était trop tôt ?
Oui, franchement, c’est le terme, c’était trop tôt, je n’étais pas conscient de mes qualités. C’était une période assez compliquée.
Votre potentiel, vous l’avez réellement exprimé à Cologne.
J’étais beaucoup blessé, avec plusieurs pépins physiques, mais oui, bien sûr, je m’étais mis en valeur. En plus on avait joué la Ligue Europa, affronté Arsenal… Sans être présomptueux, c’est à ce moment-là que j’ai senti que je pouvais aller au très haut niveau. Après, il faut toujours bosser. Si je n’étais pas capable de faire mieux, je ne me casserais pas la tête.
Où en êtes-vous de votre plan de carrière ?
Je dirais qu’à Rennes, je suis là où je dois être. Dans un très bon club, qui grandit de jour en jour. J’ai beaucoup bossé pour arriver à ce niveau. Après, comme chaque joueur, j’aspire à jouer dans les meilleurs clubs du monde, mais par rapport à mon évolution personnelle et à ce que je recherchais, Rennes c’est le club idéal, je ne veux pas griller les étapes.
Recueilli par Benjamin IDRACet Laurent FRÉTIGNÉ. Ouest-France