« Un Cadavre dans l’œil », cette pièce théâtrale a mis au respect tout le Centre Culturel Franco Guinéen (CCFG) à Conakry, le vendredi 31 Octobre dernier. C’était formidable ! Une pièce de théâtre pleine d’émotions et de frissons parce qu’elle relatait du vécu rétraçant les affres et balafres du Camp Boiro où de nombreux guinéens furent torturés et détenus sous l’ère de la Révolution de Sékou Touré.
Les yeux avides et l’esprit attentif des spectateurs sont restés près de deux heures d’horloge fixés sur la scène du CCFG, décorée à l’image du pont historique, le 8 Novembre.
« Un Cadavre dans l’œil » est écrit par Hakim Bah, un jeune auteur guinéen qui a essayer de retracer à sa façon l’histoire du Camp Boiro sous l’ère révolutionnaire de Feu Ahmed Sékou Touré, premier Président Guinéen.
Depuis près de trois ans, « la Compagnie Zone de Turbulence » et Hakim Bah en collaboration avec le CCFG, étaient sur ce projet de théâtre qui viennent enfin présenter ce vendredi saint, au public, fortement mobilisé dont la majorité était les familles victimes du Camp Boiro.
Le principal Comédien sur scène, Ousmane Coléah Bangoura dans sa veste noire taillée à sa mesure en complicité avec un Disc-Jockey (DJ) occupant une partie de de la scène, a séduit l’auditoire à travers la syntaxe de ses mots bien prononcés avec une intonation particulière, suivis d’images d’incarcération et de la pendaison des victimes de la révolution ainsi que des images de la démolition du fameux »Pont 8 Novembre » qui avait longtemps servi au pouvoir dictatorial de Sékou Touré.
Deux heures de prestation d’Ousmane Coléah Bangoura et compagnie ont suffi pour que les nombreux spectateurs puissent être au bain de quelques fragments de la barbarie du PDG-RDA dirigé alors par Sékou Touré comme guide suprême.
Dans les coulisses votre site de référence, ©Afro Guinée Magazine a tendu son micro au principal Comédien qui nous a expliqué le choix du thème : « Au fait, l’idée vient du jeune Hakim Bah qui avait constaté qu’on démolissait le Pont 8 Novembre et lui, en tant que fils guinéen qui a entendu que Sékou Touré tuait des gens sur ce pont par pendaison, ça l’a touché. Pour lui, ce pont est un monument comme les autres, car ça rappelle. Donc, pour lui, on ne devait pas saccager ce pont. Donc, il a décidé d’écrire ce texte. Mais ce que moi j’ai aimé dans tout ça, c’est que pour la première fois, on a une création littéraire qui vient de quelqu’un qui n’a pas été prisonnier du Camp Boiro ».
Le Secrétaire Général de l’Association des victimes du Camp Boiro, M. Abass Bah très ému, nous a égalment livré ses sentiments après cette représentation sur le Camp Boiro:
«Je ne peux qu’exprimer ma réjouissance, mon grand bonheur de voir d’autres personnes non physiquement concernées, sensibles à ce qui est arrivé à ce pays au point de faire même une représentation sur scène de ce qui s’est passé au temps de révolution avec Sékou Touré. Je le dis en connaissance de cause, parce que notre association existe depuis 1984 mais, nous n’arrivons pas à avoir des avancés significatifs dans le cadre de la défense des droits de l’homme chez nous. Savoir qui a fait quoi et qu’on réhabilite les gens qui sont morts au Camp Boiro et que les familles dont les parents sont morts à Boiro, portent le deuil. Ensuite, qu’on fasse des stèles à la mémoire de ceux-là. Et donc, quand je vois une représentation aussi imposante que celle que nous venons de voire, vraiment, on ne peut qu’être très heureux et inviter les autres guinéens à nous aider afin que nous puissions avancer. Nous n’avons de haine contre personne. Au contraire, c’est la haine qui a envoyé les gens à boiro. Moi personnellement, j’en ai été victime pendant sept (7) ans, je n’ai la haine contre personne mais je souhaiterai que la Guinée n’arrive plus jamais à revivre ces moments ».
Quant au Directeur Général du CCFG, M. Daniel Cauriol a été satisfait du travail et promet de reproduire sur scène » Un Cadre Dans L’Oeil » en mois de Mars prochain en Belgique et à Paris.
Fodé Sita, Notre Correspondant basé à Conakry