François Hollande commémore la journée de l’abolition de l’esclavage, mais les associations le mettent face à son faible bilan en la matière: le mot « race » n’a pas été supprimé de la constitution et le Cran lui reproche de ne pas s’être emparé du dossier de la caisse des dépôts.
Se souvenir des horreurs du passé. Pendant près de deux siècles, entre le XVIIe et le XIXe siècle, la France a déporté près d’un million d’Africains pour les mettre au service de riches propriétaires blanc. Le 27 avril 1848, un décret met officiellement fin à l’esclavage. Un siècle et quelques décennies plus tard, le 10 mai 2001, le Parlement adopte la loi Taubira qui reconnait la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.Cette date est désormais le jour national de commémoration de l’abolition de l’esclavage.
A cette occasion, François Hollande prononcera un discours auSénat ce vendredi. Mais plusieurs événements assombrissent cette commémoration.
La suppression du mot « race » de la Constitution ne sera pas pour cette année
L’article 1er de la Constitution stipule que tous les citoyens sont égaux devant la loi sans « distinction d’origine, de race ou de religion ». Si le fond du message est accepté de tous, la forme blesse. Le mot « race » rappelle en effet les heures sombres de la traite des noirs. D’autant que ce mot est présent à maintes reprises dans tous les textes juridiques: codes pénal, civil, du travail…
Le 10 mars 2012, François Hollande, alors candidat à la Présidentielle, prononce un discours au cours d’un meeting consacré à l’outre-mer et à la lutte contre les discriminations : « Il n’y a pas de place dans la République pour la race. Et c’est pourquoi je demanderai au lendemain de la présidentielle au Parlement desupprimer le mot ‘race’ de notre Constitution« , déclare-t-il.
Promesse pour l’instant non tenue. Selon Le Parisien, ce changement très symbolique ne devrait pas être soumis aux Parlementaires qui se réuniront en juillet à Versailles. La peur de relancer un débat clivant quelques semaines après la lutte contrele mariage pour tous serait notamment à l’origine de ce recul. Les parlementaires UMP avancent également la peur d’un « vide juridique » est notamment pretextée par l’UMP. Si le mot « race » disparait, la base juridique de lutte contre le racisme mise en place au fil des ans, de pair avec les traités européens et internationaux, disparait également.
La Caisse des dépôts, complice de crime contre l’humanité
Ce vendredi, c’est également la date qu’a choisi le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), pour porter plainte contre la Caisse des dépôts et consignations pour pour complicité de crime contre l’humanité.
L’association reproche à la banque de s’être enrichie avec l’esclavage et réclame l’indemnisation des descendants. En 1804, l’esclavage est aboli à Haïti, et sur l’île souffle un vent d’indépendance. En 1825, alors que l’armée française menace d’une nouvelle invasion, la Caisse des dépôts, institution financière publique ayant pour vocation de gérer des fonds privés, joue un rôle d’intermédiaire entre les anciens propriétaires d’esclaves et les anciens esclaves. Ces derniers se voient dans l’obligation de verser des indemnités à leurs anciens maîtres, sous prétexte de « préjudice subi ». La banque d’Etat aurait alors encaissé quelque 90 millions de francs-or, se rendant complice de crime contre l’humanité.
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