Après presqu’une semaine de violences inouïes et sauvages qui ont abouti à des morts d’hommes, à de nombreux blessés et à des destructions d’édifices publics et privés ainsi que le vandalisme de nombreux boutiques et magasins, les choses sont en passe de revenir à la normale dans la capitale guinéenne. Les signaux de cette accalmie que le peuple, dans son entièreté, réclamait tant, sont venus tout d’abord du chaud quartier de Cosa. A la surprise générale, les jeunes manifestants de ce quartier, ont fini par signer un pacte avec les gendarmes. Parallèlement à ce retour progressif de la sérénité, le gouvernement a fait montre d’une promptitude dans l’exécution des ordres reçus du président de la République quant à la mise en place du cadre de concertation.
En effet, sous la houlette du premier ministre, membres du gouvernement concernés par la question, responsables d’institutions républicaines et société civile se sont retrouvés pour tracer les grandes lignes de ce cadre qui devrait aider à surmonter les obstacles qui se dressent sur la voie du processus électoral guinéen. Cependant, la méfiance et les soupçons demeurent toujours entre les acteurs politiques.
Après les violences qui avaient été signalées dans la soirée, puis dans la nuit du lundi au mardi dans les quartiers de Cosa et Koloma, personne ne se faisait d’illusion quant au climat qui caractériserait la capitale guinéenne en ce 5 mars. Hier, des témoins ont confié que de nombreuses maisons avaient été soit saccagées, soit littéralement incendiées par des groupes rivaux disant agir au nom de différentes communautés ethniques. Selon les mêmes sources, des tirs nourris ont été entendus dans ces deux zones toute la nuit.
En conséquence, dans la matinée, les services sanitaires dénombraient au moins deux mort et plusieurs blessés plus ou moins graves. Bien entendu, le cycle s’est poursuivi dans la journée de ce mardi. Mais un peu plus tard dans la soirée, la raison est venue réhabiter les esprits.
C’est ainsi qu’aussi paradoxal que cela puisse l’être, les adversaires qu’étaient jusque-là les forces de l’ordre et les jeunes manifestants ont subitement décidé du cessez-le-feu. Cette entente plutôt surprenante mais véritablement salutaire semble avoir été facilitée par le discours rassurant que le chef d’Etat major de la gendarmerie nationale, le général Ibrahima Baldé est allé tenir aux manifestants.
Pourtant, tout au début, ce ne fut particulièrement pas aisé entre les deux camps. Des sages ont du apporter leur contribution en vue d’amener les protagonistes à se comprendre. C’est ainsi que les jeunes manifestants qui, ces derniers temps, avaient rendu la vie impossible aux forces de l’ordre ont expliqué le motif de leur opposition à l’entrée des agents policiers et gendarmes dans leurs quartiers.
Selon leur porte-parole, ils en voulaient à ces agents parce que ces derniers, soit se livraient eux-mêmes aux attaques contre les boutiques ou magasins, soit étaient relativement passifs ou complices des auteurs de ces attaques. Ce serait donc cette méfiance qui était au centre des violences qui ont paralysé depuis désormais cinq jours ces quartiers de la haute banlieue de la capitale guinéenne.
Informé de ces accusations brandies contre notamment son institution, le général Ibrahima Baldé se serait aussitôt engagé à veiller à ce que ses agents ne se rendent plus coupables de telles violations des règles auxquelles ils sont astreints. Cette incompréhension évacuée, les deux groupes de protagonistes se sont aussitôt mis ensemble pour débarrasser les routes des barricades qui y avaient été érigées depuis des jours.
Coïncidence ou pas, ce pacte presque contre-nature a eu lieu alors qu’au même moment autour du premier ministre, quelques membres du gouvernement, les responsables des institutions républicaines, des membres de la société civile et des leaders religieux, mettaient en place du Cadre de concertation. Cette instance qui avait été tant réclamée par l’opposition guinéenne au motif qu’elle permettrait de trouver une solution définitive aux multiples problèmes qui assaillent le processus électoral.
C’est donc là une des revendications de cette opposition que le président Alpha Condé a été obligé d’accorder. A priori, la voie vers la sortie de crise est ainsi tracée.
Cependant, il est plutôt prudent de se garder de tout triomphalisme. Car ce n’est pas la première fois que l’idée du dialogue politique est évoquée par rapport aux élections législatives. Or, par le passé, les initiatives du genre n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances. Et il n’est pas exclu que l’expérience malheureuse se répète. D’autant plus que les leaders politiques de l’opposition sont plutôt sceptiques et méfiants.
Plus concrètement, si l’on n’y prend garde, la violence risque de reprendre avec l’inhumation des militants de l’opposition prévue pour ce mercredi 6 mars. Alors, vigilance pour que la sérénité gagne tous les coeurs.
Salématou Diallo pour GuineeConakry.info
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