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Musique : Imany, la quête de l’intemporalité

Portée depuis quelques mois par le colossal succès international du remix de sa chanson Don’t Be So Shy parue à l’origine en 2014, la chanteuse française d’origine comorienne Imany reprend en main son identité artistique avec son deuxième album intitulé The Wrong Kind of War, entre folk et gospel.

RFI Musique : Pourquoi donner à vos albums des titres qui sont un peu tirés par les cheveux, ou tout au moins un peu compliqués ?

Imany : Ils sont alambiqués, mais pas tirés par les cheveux ! À l’époque je trouvais que The Shape of a Broken Heart sonnait comme un titre un peu “dylanien”, parce qu’avec Dylan, tout est dit dans le titre, et j’aime bien ça.

Dans un certain sens, c’est l’amour de la précision, des mots. Je ne cherche pas la formule, je laisse venir, et parfois je suis surprise par ce qui sort. The Wrong Kind of War est un très bon exemple. Dans le texte, c’est “We fought too hard the wrong kind of war”. C’est arrivé comme ça, je n’ai pas réfléchi longtemps pour me dire que c’était un bon titre.

Les pochettes de vos disques ont chaque fois quelq ue chose de rétro. Est-ce une forme de nostalgie ?

Il y a déjà le désir de toujours faire une belle image. Une image qui serait intemporelle. On entre dans un univers un peu vintage, nostalgique, parce qu’on a envie que l’image traverse le temps gracieusement.

Est-ce aussi le cas pour votre musique ?

En tout cas, c’est le but. Je ne sais pas si j’ai réussi, mais c’est l’intention de départ : s’ancrer dans une musique que l’on pourrait écouter dans dix ans en se disant que ça n’a pas vieilli. C’est magnifique quand ça arrive avec l’album d’un artiste qu’on aime. Par exemple le premier album de Tracy Chapman, de Teri Moïse ou encore King of Sorrow de Sade. Et aussi ceux de Bob Marley.

Avez-vous abordé cet album différemment du précédent ?

On a tiré énormément d’enseignements. Pour le premier album, on a écrit les chansons et on est allé en studio sans faire de travail sur les tonalités, les tempos.

Pour celui-ci, on a testé toutes les tonalités possibles, tous les tempos, et sur tous les titres. On a validé ceux qui sonnaient le mieux. On a écrit presque une cinquantaine de textes, pour pouvoir garder les douze meilleurs, ou plutôt ceux qui allaient le mieux ensemble. On a fait beaucoup plus de brouillons sur cet album, en prenant notre temps. Il a vraiment été conçu dans la durée, avec pas mal de résidences d’écriture à Dakar, très productives. On s’est mis à comparer la chanson A par rapport à la chanson B pour voir laquelle était la meilleure.

On s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose de cinématographique dans les tourneries, les mélodies de ces maquettes guitare-voix. C’est ce qui a inspiré la grandiloquence des arrangements que l’on trouve dans l’album.

Votre carrière a pris une dimension internationale dès le premier album. Quel pays a joué un rôle déclencheur ?

Le premier pays qui m’a permis d’avoir un rayonnement international, c’est la Grèce. C’est assez incroyable. You will never know a été numéro un de l’airplay [la plateforme de musique en ligne du pays ; NDLR] pendant 100 jours, sans qu’on en sache quoi que ce soit.

Un label nous a appelés en nous demandant si on était au courant, si on était représenté en Grèce, et comme ce n’était pas le cas, on a signé avec cette structure et on s’est retrouvés numéro un des charts ! Pour eux, c’est une chanson grecque, dans la mélodie et le texte, ils s’y retrouvent. D’autres pays se sont alors demandé qui est cette fille : l’Allemagne et la Pologne, où on a obtenu un triple disque de platine.

Comment votre chanson Don’t Be So Shy, extraite de la BO de Sous les jupes des filles, a atterri entre les mains des deux DJ russes qui en ont fait le remix aujourd’hui massivement diffusé ?

Puisque le film sortait en Russie, on a aussi commercialisé la BO puisque j’y avais une petite assise. Comme un album parenthèse d’Imany, d’une certaine manière. Des deejays ont approché le label avec qui ont travaillé en Russie et, grâce à eux, on a déjà eu deux chansons remixées qui ont été numéros un.

Sur le plan artistique, ce remix est très éloigné de ce que vous faites. N’était-ce pas risqué alors que vous sortez au même moment votre deuxième album ?

Il a été la première chose qu’on a entendue depuis longtemps de ma part, on a pu penser que j’avais fait un revirement vers la musique électro. Heureusement qu’il y a le mot « remix »  qui me dédouane !

Quand on écrit une chanson, qu’elle est sortie, elle ne vous appartient plus. Avec un remix, c’est très clair, mais à partir du moment où des gens utilisent votre chanson pour des vidéos sur Youtube, font des versions à eux, ce n’est déjà plus la vôtre. Pour moi, le processus est le même. Je n’ai pas l’ego pour dire que c’est ma chanson et que je ne veux pas qu’on n’y touche, parce que c’est impossible !

Avez-vous eu l’occasion d’aller jouer aux Comores, là où vous avez vos origines, depuis que l’on vous connait comme chanteuse ?

Pas encore. C’est un vrai drame ! D’abord, je n’ai pas eu vraiment le temps avec ma longue tournée. J’aimerais bien venir avec le groupe, mais techniquement, en termes de matériel, c’est très compliqué de jouer aux Comores. Un artiste comme Soprano, qui est une superstar là-bas, a dû attendre son cinquième album pour y donner des concerts. J’ai envie de le faire bien, je ne sais pas encore quand, mais c’est vraiment dans mon projet de vie.

 

Imany, The Wrong Kind of War (ThinkZik!) 2016. 

Site officiel d’Imany
Page Facebook d’Imany

 

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A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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