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[INTERVIEW EXCLUSIVE] Les vérités crues de Mikhindé…

Mikhindé Dalindé, leader de Djuwa

Afroguinée Magazine © a rencontré Mikhindé Daalindé, le Coordinateur général de ‘’Djuwa’’, une organisation qui milite pour une Afrique sans frontières.

Découvrez en exclusivité, l’intégralité de notre entretien.

Depuis 7 ans,  Djuwa lutte pour l’unité africaine à travers une marche pacifique organisée chaque 25 mai. Êtes-vous sûr d’atteindre à vos objectifs? Puisque rien n’a encore changé malgré vos efforts.

L’objectif final qui est la réalisation de l’Etat Fédéral de Farafina qui ne tiendra pas compte de ses frontières créées par le colonisateur, n’est pas encore atteint. Puisqu’il y a encore des pseudos nations.

Maintenant, dire que rien n’a changé ça c’est autre chose. Et ça dépend de ce que vous appelez « changement ». Sinon, depuis que nous avons commencé en 2011, nous avons constaté une évolution. Le nombre des marcheurs augmente d’année en année. Le Sénégal a rejoint la marche depuis 3 ans de cela chaque 23 Avril. Un autre mouvement panafricain ici à Conakry a aussi marché cette année. Je veux parler du mouvement « Sékoutoureisme ». Pour nous, ça c’est une évolution. Donc, un changement. Parce que tout changement aussi n’est pas évolution…

DJUWA: Marche du 25 mai 2017 à Conakry

Vous militez pour une Afrique sans frontières. Cela est bien possible?

Moi j’aimerai bien savoir pourquoi Farafina (Afrique) sans frontières n’est pas possible. Tout chemin mène à sa destination s’il n’est pas abandonné en cours de route. Il est possible (pour ne pas dire certain) que cela ne fasse pas à notre existence physique. Cela n’est pas un problème. Le plus important est que ça se fasse. 100 ans, 300 ans après, ce n’est pas grave. On ne fait pas ce combat pour nous-même en tant qu’individu. On le fait pour le peuple africain. Alors si les 100 ans, 300 ans trouveront le peuple ici, c’est le plus important. Nous devons toujours nous rappeler que les hommes passent mais le peuple demeure.

Il était inimaginable pour les ancêtres des anglais que la langue anglaise pouvait être scientifique. Étudier cette langue et étudier dans cette langue. Ceux qui l’ont cru à cette époque ont été beaucoup oppressés.

C’est pourquoi la question « cela est bien possible ? » est tout à fait légitime. Mais rassurez-vous, oui, c’est bien possible, Farafina  (Afrique) sans frontières. Mais c’est seulement quand le peuple à la base sera imprégné des idées de la fédération. Et c’est ça, un des objectifs de DJUWA.

Farafina fédéré nous permettra de pouvoir gérer nous-même nos richesses de sous-sol, que les industries du monde ont besoin

 En quoi cela pourra faire bouger l’Afrique?

Cela fera bouger Farafina sur tous les plans de son évolution. Un fédéral nous donnera la force, ensuite le pouvoir de contrôler et de gérer nos ressources humaines en établissant un programme éducatif qui correspond à notre vision du monde sans aucune influence, d’aucune institution extérieure.

Farafina fédéré nous permettra de pouvoir gérer nous-même nos richesses de sous-sol, que les industries du monde ont besoin. Imaginons que ce soit nous qui fixons les prix de nos matières premières… Avec l’État fédéral, il n’y aura plus de guerre. Puisque les guerres c’est pour le pouvoir.

Bref, les pays appelés grandes puissances aujourd’hui, puisent leurs richesses en Afrique. Quand nous seront fédérés, ces richesses resteront ici. Je vous laisse imaginer le reste.

Les chefs d’Etats africains sont pour nous, des président-présidés, par les puissances coloniales bien sûr

 4-Quel rôle doivent-ils jouer les chefs d’États africains?

Ceux que vous appelez les chefs d’Etats africains sont pour nous, des président-présidés par les puissances coloniales bien sûr. Donc, pour nous, ils sont disqualifiés dans le processus de notre lutte. Ils n’ont aucun pouvoir au fond. C’est pourquoi nous, notre cible, c’est le peuple à la base. Ils ne peuvent rien en réalité. Sinon c’est simple. Qu’ils introduisent le panafricanisme comme matière dans les programmes éducatifs à tous les niveaux. Qu’ils prennent l’argent destiné à organiser leurs sommets, et le dépenser pour organiser un référendum afin que les farafin s’expriment sur la fédération de Farafina.

J’aimerai signaler que la CEDEAO n’a aucune crédibilité à mes yeux

Djuwa: Marche de 2018 à Conakry

 La CEDEAO tend vers une monnaie unique. Qu’en penses-tu?

Que la CEDEAO comprenne « monnaie unique », « monnaie multiple » le plus important est que nous gérons nous-même notre système monétaire. Et tant que nous serons divisés ce sera impossible de se soustraire de la toile du système monétaire gérer par la banque centrale internationale.

Et de passage, j’aimerai signaler que la CEDEAO n’a aucune crédibilité à mes yeux, encore plus, depuis qu’elle a signé les APE (Accord de Partenariat Économique [NDLR]) sans l’autorisation sans informer le peuple à la base. C’est criminel ce qu’elle a fait là.

Que penses-tu des guerres en Afrique ?

Les guerres en Afrique sont créées pour avoir la mainmise sur ses richesses. Quand Farafina sera unie tout cela s’arrêtera. Qui a entendu parler de la guerre aux États Unis d’Amérique depuis qu’ils se sont fédérés ?

Message fort de Djuwa

Le combat que le peuple farafin doit mener est d’ordre culturel, politique, économique, spirituel, artistique historique…

Nous devons mener le combat pour la restauration de la conscience historique, la revalorisation de nos valeurs culturelles mais également la réalisation de l’Etat Fédéral de Farafina.

Donc, selon vous, l’Afrique est toujours colonisée ?

Oui, Farafina est toujours colonisée. C’est pourquoi nous trouvons aberrant que nous continuons à gaspiller des sommes colossales dans l’organisation des soi-disant fêtes de la soi disante indépendance.

La colonisation est avant tout une domination culturelle. Et la langue est le pilier de la culture. Car, c’est dans celle-ci on transmet toutes les richesses de la culture.  Et nous voyons bien que c’est les langues coloniales qui sont officialisées à Farafina. En plus même, les prisons arbitrairement appelées pays sont des créations coloniales lors du partage de Farafina entre les colons à partir de la conférence de Berlin… Ce sont encore les puissances coloniales et leurs institutions qui alimentent nos budgets à travers des dettes qui nous mettent la corde au cou.

Faire croire à un colonisé qu’il est indépendant est pire, criminel

La première des choses à faire pour se libérer est d’arrêter d’enseigner à nos populations qu’elles ont l’indépendance. On doit enseigner la vérité si on veut qu’il avance. Enseignons aux peuples farafin qu’ils ne sont pas encore libres. Que l’indépendance reste à conquérir. Faire croire à un colonisé qu’il est indépendant est pire, criminel. Car,  se croyant indépendant, ne fera aucun effort pour l’être réellement. C’est cette vérité qu’il faut enseigner aux farafin d’abord. Il est plus judicieux de désinfecter une plaie avant de la soigner.

Interview réalisée par Syta

www.afroguinee.com

A propos Aboubacar

Journaliste et animateur radio. Directeur de Publication de ©Afroguinée Magazine, premier portail culturel et événementiel de Guinée-Conakry.

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