L’université d’Orléans a voté un moratoire sur les frais d’inscriptions supplémentaires pour ses étudiants étrangers hors Union européenne. Le syndicat Unef parle d’une « grande victoire », mais demande leur abrogation définitive.
Comme Mohamed Bangoura, un Guinéen de 21 ans étudiant en L3 de biotechnologies, ils sont plus de 2000 étrangers à l’université d’Orléans (Loiret). Celle-ci vient d’adopter un moratoire sur les frais d’inscription supplémentaires pour l’année universitaire 2020-2021, qui pouvaient se monter à 3770 euros pour une année en école d’ingénieur ou en master.
« Il faut comparer ça aux salaires dans nos pays. En Guinée par exemple, un fonctionnaire gagne l’équivalent de 200 euros, il lui devient impossible de financer des études pour un enfant dans une université française », explique Mohamed Bangoura, qui préside l’association Rivières du sud, qui rassemble les étudiants guinéens installés à Orléans.
Sous l’égide du syndicat Unef, plusieurs associations d’étudiants africains ont saisi l’université d’Orléans, qui était l’une des six en France à avoir appliqué le dispositif Bienvenue en France, autrement dit à faire payer des frais « 16 fois plus élevés », selon l’Unef, à ses étudiants hors Union européenne.
En 2018, pour faire face à l’afflux d’étudiants hors Europe et aux frais que cela engendre pour les établissements d’enseignement supérieur, le gouvernement d’Edouard Philippe avait harmonisé les tarifs à 2770 euros par an en licence, et 3770 euros en master et dans les grandes écoles. En 2019-2020, Orléans l’a appliqué aux nouveaux inscrits avant d’y renoncer cet été.
« Les services universitaires ont pris conscience de certaines situations critiques, ils ont exonéré des étudiants mais certains y avaient droit, d’autres non, c’était obscur », dit Mohamed Bangoura, ravi de ce vote intervenu le 10 juillet.
Un effet Covid-19 ?
Le président de l’université, Ary Bruand, que nous n’avons pu joindre, a sans doute été convaincu par la crise du Covid-19 qui a aggravé la situation, rappelle Marielle Brame, présidente de l’Unef Orléans. Beaucoup de ces étudiants travaillent pour financer leurs études. Or, les petits boulots ont stoppé avec la pandémie. « L’éxonération sur une seule année ne résoud pas le problème de la discrimination et de la précarité des étudiants », appuie toutefois Marielle Brame, dont le syndicat demande l’abrogation définitive des frais supplémentaires et l’ouverture des bourses aux étudiants étrangers en difficulté.
Ces frais ont aussi une incidence majeure sur le titre de séjour, signale Mohamed Bangoura. « Quand vous devez consacrer tous vos revenus aux frais d’inscription, et que le compte en banque est vide, c’est très dur de faire valoir qu’on a encore des ressources lors du réexamen du titre de séjour », dit-il. L’Unef demande que chaque étudiant extracommunautaire reçoive d’emblée un titre de séjour.
Source : Le Parisien.Fr