Théâtre: – L’auteur et metteur en scène Souleymane Bah, a reçu le 27 septembre 2020 au Festival des Francophonies, Les Zébrures d’Automne, à Limoges, le Prix RFI Théâtre 2020 pour La Cargaison.
Le texte de la « déambulation macabre » de l’écrivain guinéen et actuel secrétaire général du ministère de la Communication et de l’Information, sera joué les 15 et 16 septembre prochain au CCFG.
En prélude à ce spectacle qui sera interprété par les comédiens Petit Tonton, Khady Diop et serge Koto, notre rédaction a rencontré ce lundi 29 août 2022 Soulay Thiâ’nguel en pleine répétition au CCFG après plus de 6 ans d’absence sur scène.
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Afroguinée : Bonjour Soulay Thiâ’nguel !
Soulay Thiâ’nguel : Bonjour Afroguinée !
Afroguinée : Que retrace la pièce de théâtre « La Cargaison » que sera joué les 15 et 16 septembre 2022 au CCFG ?
Soulay Thiâ’nguel : La Cargaison, est l’histoire d’un certain nombre de corps qui est pris en otage. Des gens, qui sont morts et qui cherchent à être enterrer et qu’il y a une sorte d’errance d’une déambulation macabre dans la ville. La Cargaison est en fait, une histoire fortement inspirée du destin des jeunes guinéens qui ont été tués lors de la première manifestation du FNDC en octobre 2019.
Mais il est important de savoir que ce qui est arrivée à ses jeunes n’est pas spécifiquement guinéen. Parce qu’il s’agit de l’instrumentalisation d’un certain nombre de corps pour affirmer le pouvoir d’un camp ou d’un autre. Il s’agit de voir comment est ce que les corps deviennent un enjeu de pouvoir…
Afroguinée : Quand vous écriviez ce texte, vous étiez opposant à l’époque…
Soulay Thiâ’nguel : Alors, c’est assez ironique cette affaire-là ! parce que chaque fois que la pièce avait été lu en France, les gens me demandaient comment j’ai pu écrire ce texte alors que je faisais partie de l’opposition. L’artiste que je suis ne se pose pas la question d’une appartenance à groupe ou à un autre. Au-delà de Souleymane BAH, il y a quelqu’un d’autre qui est l’auteur, qui est metteur en scène qui s’appelle Soulay Thiâ’nguel ; qui pose à la société un miroir pour dire regardons-nous. Je ne fais pas un théâtre de moralisation.
Afroguinée : Le texte semble aussi raconter votre exil forcé ?
Soulay Thiâ’nguel : Je pense que c’est plus un exil intérieur et c’est peut-être aussi une façon d’être en Guinée sans y être. Le fait d’être couper de son pays, fait qu’on a envie de vivre ce qui se passe dans son pays. C’est ça la Cargaison.
Afroguinée : Ladite pièce est programmée pour les 15 et 16 septembre prochain, au Centre culturel franco-guinéen. Et après ?
Soulay Thiâ’nguel : Nous avons la chance d’avoir déjà une dizaine de représentation de ce spectacle. Après ici, le spectacle va partir dans quatre villes françaises dont Limoges, Lyon et Paris, mais aussi au Sénégal. Nous espérons taper dans l’œil de certains tourneurs pour continuer l’aventure.
Afroguinée : Vous disiez il y a quelques années que « Je suis arrivé à l’écriture théâtrale par effraction ». Qu’attendez-vous par là ?
Soulay Thiâ’nguel : Moi, je n’étais pas destiné à écrire du théâtre, ! j’ai fait du théâtre pendant très longtemps avant de décider à écrire. Ce n’était pas prévu.
Afroguinée : Votre regard sur le théâtre guinéen d’aujourd’hui ?
Soulay Thiâ’nguel : Le théâtre guinéen se réinvente, il y a quelques choses qui est en train d’émerger même s’il y a des moments où ça coince.
Afroguinée : Un dernier message ?
Soulay Thiâ’nguel : Les 15 et 16 septembre 2022 au CCFG, j’invite tout le monde à venir prendre du plaisir et voir ce que mon théâtre apporte à la culture.
Entretien réalisé par Mohamed KOMAH